Au Nigéria, les voyages en train à la reconquête des habitants

- Copyright © africanews PIUS UTOMI EKPEI/AFP or licensors La liaison Lagos Ibadan le 16 mars 2021.

Avec la nouvelle liaison Lagos-Ibadan, de nombreux nigérians redécouvrent les voyages en train. Mais les anciens wagons ont été remplacés par des locomotives modernes et plus rapides.

Et si le train faisait un retour dans le paysage des transports nigérians? Malgré les projets de chemin de fer parfois en retard de plusieurs années, l’inauguration d’une nouvelle ligne, moderne et rapide, pourrait bien ravir les habitants de Lagos.

Car si seulement 150 kilomètres séparent la capitale économique du Nigéria de sa “petite soeur” Ibadan, les embouteillages et la mauvaise qualité de la route peuvent rallonger le trajet en voiture jusqu’à six heures.

Le voyage en train, dure, lui, un peu plus de deux heures, mais les passagers sont assis dans des wagons climatisés. “Le train est confortable, fiable et sûr”, se réjouit Otonye Ayodele, professeure à la grande université d’Ibadan, réputée la meilleure du Nigeria.

“Ça nous fait gagner du temps et surtout on évite la torture de la route entre Lagos et Ibadan”, explique-t-elle en profitant elle aussi de son temps de transport pour travailler ses cours sur son ordinateur portable. Un luxe jusqu’alors totalement impossible pour qui voyage au Nigeria.

Son voisin de rangée, Adebimpe Kareem, banquier à Lagos, se réjouit de raconter cette première expérience ferroviaire à ses amis et sa famille. “J’ai l’impression d’être dans un train de Paris ou de Londres!”, s’enthousiasme-t-il.

Le train pourrait alors aider des millions de personnes, à commencer par le prix Nobel de Littérature Wole Soyinka. “Nous avons tous grandi avec le chemin de fer et c’est tellement dommage que ce moyen de transport ait un peu disparu” explique le Prix Nobel de Littérature 1986.

“Je considère que les efforts déployés pour restaurer un train aussi confortable et raisonnablement bon marché, lorsqu’il fonctionne, sont considérables. Ce n’est pas bon marché pour le moment, mais j’espère que lorsqu’il fonctionnera correctement, il sera plus abordable pour la plupart des gens” affirme Wole Soyinka.

Le train pour éviter la route

Pour l’instant, les deux villes ne sont reliées qu’une fois par jour. Mais après des décennies d’abandon des services publics et une déliquescence des chemins de fer, le gouvernement du président Muhammadu Buhari a promis de faire du développement du réseau ferroviaire une de ses priorités. Une alternative moins risquée que les trajets par la route.

“_Malheureusement, on a le problème des enlèvements” ,_explique Sunday Akenfademi, un agent de sécurité.

“Mais lorsque vous vous rendez de Lagos à Ibadan en bus, outre la sécurité de la route elle-même, il y a également le problème de la sécurité des conducteurs, car certains d’entre eux sont sous l’emprise de l’alcool. Il y a aussi le problème des moteurs, certains d’entres eux ne sont pas en état de marche et n’ont pas été testés…ce sont toutes ces risques que vous devez prendre en compte. Quand on compare cela au train… Regardez, je n’ai pas de mal à m’asseoir!” se réjouit Sunday Akenfademi.

Au Nigéria, les principales villes du pays sont majoritairement accessibles par avion ou par la route. Mais certains, comme Jerry Oche, rêve d’un développement national des chemins de fer.

“Plusieurs gares et des portions de la voie sont encore en travaux”, se défend Jerry Oche, un responsable de la Corporation des Chemins de fer nigérians. Il promet qu’à terme, il y aura huit trajets quotidiens dans chaque sens par jour et que le train devrait atteindre les 160 km/h, sans donner d’indications sur le calendrier.

“En dehors du train de passagers, nous avons aussi la voie qui va dans le port. Et nous avons auss l’extension vers port de Tin Can, donc c’est un tout. Imaginez donc des chemins de fer transportent des passagers de Lagos à Ibadan, mais aussi des marchandises de Lagos à Ibadan. Et n’oubliez pas que ce projet est en fait Lagos-Kano. Ce que vous avez n’est que la première phase”, explique Jerry Oche.

Pour l’instant, le projet pharaonique devant relier Lagos à la ville de Kano, au Nord du Nigéria, est encore loin d’être achevé. Seuls 300 des 1000 kilomètres du parcours qui passera également par la capitale Abuja ont à ce jour été construit. Mais les nigérians se s’arrêtent pas de rêver.

 Source: Africanews