Cameroun anglophone: plusieurs enfants tués dans l’attaque d’une école

REUTERS/ Josiane Kouagheu L'école de Kumba visée par une attaque meurtrière, le 25 octobre 2020.

Au moins six élèves âgés de 9 à 12 ans ont été tués et plusieurs autres blessés dans un massacre perpétré dans une école à Kumba, dans la région anglophone du Sud-Ouest samedi 24 octobre, selon le bilan communiqué dans la soirée par le Premier ministre camerounais.

 C’était un jour de classe comme un autre, dans ce collège privé situé en plein cœur de la ville de Kumba. Quand soudain, en fin de matinée, des hommes armés non identifiés ont débarqué. Selon des témoignages, ils ont ouvert le feu sur plusieurs élèves dans une rage qui a déclenché un véritable carnage avant de disparaître aussi mystérieusement qu’ils sont arrivés. Derrière eux, des corps sans vie, des blessés, du sang, des larmes, de l’horreur, rapporte notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba.

Le Premier ministre a évoqué dans la soirée samedi un bilan de six morts parmi les élèves. L’ONU recense elle huit morts. « Au moins huit enfants ont été tués par des coups de feu et des attaques à la machette. Douze autres ont été blessés et emmenés dans des hôpitaux locaux », a indiqué le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) au Cameroun dans un communiqué.

Vague d’émotion

Les premières images de ce massacre n’ont pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux, entraînant avec elles un flot d’indignations comme on en n’a rarement observé, depuis bientôt quatre ans que dure ce conflit en zone anglophone. Des hommes politiques de tous bords, des ONG, des artistes, des citoyens ordinaires, avec souvent les mêmes interrogations : qui peut être aussi fou pour ouvrir le feu sur d’innocents enfants ? Au nom de quelle cause ? Jusqu’où va-t-on pousser l’horreur ? Questions pour la plupart sans réponse.

La ville de Kumba s’est quant à elle drapée du voile du deuil, pendant que le pays tout entier peine à contenir sa douleur et son émotion.

« Horreur absolue »

René Sadi, le porte-parole du gouvernement, condamne « avec la dernière énergie les auteurs de cet acte odieux, lâche et abominable, perpétré contre des jeunes innocents ». Il accuse « les rebelles sécessionnistes » d’être à l’origine de l’attaque et annonce l’ouverture d’une enquête. Idem pour le Premier ministre Joseph Dion Ngute, sur Twitter, qui a organisé une réunion d’urgence après l’attaque.

t k

Maurice Kamto, leader de l’opposition, a parlé d’« horreur absolue ». « Combien de morts faut-il encore pour qu’une solution politique ramène la paix dans le NOSO (Nord-Ouest et Sud-Ouest, les deux régions anglophones) ? », a-t-il réagi.

Plusieurs voix de la société civile demandent pour leur part une enquête indépendante pour déterrminer s’il s’agit de combattants sécessionnistes ou de miliciens, et l’ouverture d’un dialogue politique pour régler le conflit. C’est le cas de Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Redhac, le réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale.

C’est à l’occasion d’une catastrophe comme celle que nous venons de vivre que les gens essayent de se dédouaner en disant que c’était des établissements clandestins, mais qui fonctionnaient au vu et au su de tout le monde. Pour moi, cela n’enlève rien à la responsabilité de ceux qui auraient dû veiller à ce que ces établissements ne puissent ni ouvrir ni accueillir des élèves dans des conditions de sécurité qui étaient déplorables.
 
En attendant, le gouvernement a promis une enquête sur ce massacre et le Premier ministre a annoncé l’envoi sur place d’une délégation interministérielle qui va présenter aux familles endeuillées « le réconfort et le soutien du peuple camerounais ».
 
   Source : rfi