Terrorisme, hégémonie… MTN dans le collimateur au Ghana et aux États-Unis

© ITU Pictures from Geneva, Switzerland / CC BY 2.0 Rob Shuter, directeur général du groupe MTN, jusqu'en mars 2021.

Accusé de soutien au terrorisme par des familles de soldats américains, l’opérateur sud-africain est également ciblé pour son emprise sur le marché au Ghana.

 Le répit aura été de courte durée pour Rob Shuter. Alors que son départ du groupe sud-africain est prévu pour mars 2021 et qu’il vient de régler les dernières affaires qui entravaient le développement de l’opérateur au Nigeria, le directeur général de MTN aux 251 millions de clients doit faire face à de nouveaux ennuis.

Trop forte domination au Ghana

Au Ghana, le régulateur des télécommunications a indiqué le 8 juin vouloir réduire la part de marché de l’opérateur qui enregistre un chiffre d’affaires de 13,8 milliards de rands (environ 735 millions d’euros) en 2019 dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, en croissance de près de 23 % par rapport à 2018.

« La National Communications Authority (NCA) débutera dans les prochains jours la mise en œuvre de politiques spécifiques pour garantir des conditions équitables pour tous les opérateurs de réseau dans le secteur des télécommunications », a indiqué l’institution dans un communiqué officiel.

Cette dernière a calculé que la part de marché capté par l’opérateur s’élève à 67,8 % sur le mobile au premier trimestre 2020. MTN se place ainsi loin devant AirtelTigo, second acteur du marché avec 15,8 % de part de marché, Vodafone (15,5 %) et Glo (0,9 %).

En conséquence, la NCA prévoit d’instaurer un prix plancher et plafond sur toutes les minutes, les données, les SMS et les transactions mobile. L’autorité veillera en outre à ce que les challengers de MTN ne soient pas victimes de la position de leader sur le marché de l’opérateur sud-africain. Pour sa part, MTN a réagi prudemment, indiquant attendre d’être officiellement notifié de la décision avant d’en examiner les détails.

Aggravation d’une plainte aux États-Unis

Sur un tout autre registre, MTN est accusé, avec d’autres multinationales depuis le 27 décembre 2019 au États-Unis, par des familles d’environ 150 soldats et civils américains tués ou blessés en Afghanistan, d’avoir financé entre 2009 et 2017 des groupes terroristes (les talibans et Al-Qaïda) afin de protéger ses activités ainsi que ses infrastructures, violant ainsi la loi antiterroriste américaine. MTN est actif dans en Afghanistan depuis 2006.

NOUS REJETONS COMPLÈTEMENT LES ALLÉGATIONS QUI PRÉTENDENT QUE NOUS FAISONS PARTIE DU PROBLÈME

Fin avril, l’opérateur a tenté de rejeter cette plainte déposée auprès du tribunal de Washington D.C., avançant que « les plaignants ont poursuivi les mauvais défendeurs, devant le mauvais tribunal sur la base d’allégations insuffisantes ».

C’était sans compter la modification de la plainte intervenue le 5 juin dernier et qui vient préciser les accusations. Outre le financement du terrorisme, les avocats des plaignants dénoncent désormais une « conduite de MTN visant les États-Unis par l’exécution d’une stratégie reposant sur la domination des marchés dans des pays instables non alliés des américains », rapportent nos confrères de la presse spécialisée.

MTN aurait ainsi fourni plus de 100 millions de dollars aux deux organisations terroristes en échange de la préservation de ses tours de télécommunications. Ces dernières auraient été désactivées la nuit afin d’entraver les opérations de renseignements américains.

« Nous rejetons complètement les allégations qui prétendent que nous faisons partie du problème », déclarait Rob Shuter fin avril. Aujourd’hui, MTN dément à nouveau l’ensemble de ces nouvelles accusations et prépare une nouvelle requête en rejet. 

 

    Source: Jeune Afrique