Ghana: Regina Honu, pionnière de l’informatique

© Vincent Pailhé / RFI Regina Honu et des étudiantes à la Soronko Academy, le 5 mars 2021.

Au Ghana, Regina Honu se bat pour donner une place aux femmes dans l’informatique. Fondatrice du mouvement éducatif Tech Needs Girls Ghana, elle a créé la Soronko Academy, une école d’informatique qui forme gratuitement des milliers de jeunes femmes.

Regina Honu a 38 ans, de longues tresses roses et un CV impressionnant. Avant de devenir entrepreneuse sociale et directrice d’école, elle était l’une des rares informaticiennes du Ghana. Elle raconte des premières années difficiles, dans un domaine encore très masculin. « J’ai travaillé dans deux banques internationales. J’étais la seule femme dans le département informatique. J’ai subi la discrimination, le sexisme, les stéréotypes… On me demandait toujours si j’étais la secrétaire. Chaque fois qu’une tâche présumée féminine se présentait, comme faire le café ou le thé, tout le monde me regardait. J’ai dû m’imposer. J’étais testée en permanence, je devais prouver ma valeur. J’ai dû travailler deux fois plus dur que les hommes. »

C’est pour lutter contre ces discriminations que Regina Honu ouvre en 2017 la première académie du Ghana consacrée à l’apprentissage du code pour les femmes : la Soronko Academy, à Accra. « Nous avions besoin d’un espace où nous pourrions créer un programme, encadrer les progrès, mais aussi se battre pour les filles et les femmes que l’on forme. Nous avons commencé avec 50 étudiantes. Aujourd’hui, nous en avons formé près de 16 000. Nous n’arrêtons jamais d’aider nos anciennes élèves. Si vous venez à notre académie, vous êtes avec nous pour la vie. Parce que nous savons que pour qu’une femme atteigne la ligne d’arrivée, dans une société patriarcale comme la nôtre, elle aura toujours besoin de soutien. »

Et la méthode a fait ses preuves : plus de 90% des diplômées trouvent un travail ou lancent leur entreprise à la sortie de l’académie. Cette dernière dispense aussi des cours gratuits aux enfants sourds, malvoyants ou autistes – pour combattre, dit Regina Honu, « toutes les formes de marginalisation ».

  Source: Rfi