Le Sénégal commémore les 80 ans du massacre de Thiaroye

Des ouvriers posent une affiche marquant le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye Thiaroye, Sénégal, le 28 novembre 2024 - Copyright © africanews Sylvain Cherkaoui/Copyright 2020 The AP. All rights reserved.

Le Sénégal a commémoré dimanche le 80e anniversaire d’un massacre colonial français perpétré en 1944, ce qui risque de raviver les tensions entre la France et l’ancienne colonie.

Entre 35 et 400 soldats ouest-africains qui avaient combattu pour l’armée française lors de la bataille de France en 1940 ont été tués le 1er décembre 1944 par des soldats français après ce que les Français ont décrit comme une mutinerie pour cause de salaires impayés.

Les Africains de l’Ouest faisaient partie de l’unité des Tirailleurs sénégalais, un corps d’infanterie coloniale de l’armée française.

Selon les historiens, il y a eu des différends au sujet de salaires impayés dans les jours précédant le massacre, mais le 1er décembre, les troupes françaises se sont tournées vers les soldats ouest-africains, pour la plupart désarmés, et les ont tués par balles.

Dans le cimetière où ils sont censés être enterrés, toutes les tombes sont anonymes et l’emplacement exact des dépouilles est inconnu, tout comme le nombre de victimes.

L’ampleur et les circonstances réelles de ces meurtres restent floues.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été rejoint par d’autres dirigeants africains au cimetière de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, où ils ont déposé des gerbes en hommage aux victimes.

Pendant des décennies, les autorités françaises ont tenté de minimiser ce qui s’était passé à Thiaroye.

Peu après le massacre, les rapports de l’armée française ont établi que 35 soldats ouest-africains avaient été tués en réponse à une « mutinerie ». D’autres rapports de l’armée française font état de 70 morts.

Mais aujourd’hui, de nombreux historiens français et sénégalais s’accordent à dire que le véritable bilan se chiffre probablement en centaines de morts, certains parlant de près de 400 soldats tués, sur la base d’estimations du nombre de tirailleurs présents dans le camp le jour du massacre.

Après avoir refusé d’en parler pendant des décennies, le gouvernement français a reconnu l’événement comme un massacre cette semaine.