Avec ses divergences toujours plus marquées et ses confrontations toujours plus violentes, l’actuel état du monde nous conseille, sinon nous oblige à renforcer nos acquis, nos positions, et même à développer nos ambitions propres, en nous basant essentiellement sur les capacités qui nous sont propres. Ce changement de vision est crucial pour nos pays en recherche de développement, habitués à répéter aveuglément les inférences intellectuelles des peuples étrangers à la moralité évanescente, et à consommer sans modération les articles qui ont fait la prospérité des pays jadis pauvres, aujourd’hui riches de nos richesses.
Confrontés à un pic de développement difficilement soutenable dans la durée, avec une démographie déclinante, des ressources épuisées et un environnement saturé, les grandes puissances se ruent vers nos pays dont elles convoitent les ressources. Pour atteindre cet objectif, ruse et violence sont mises à contribution. A force de messages mensongers, à coups de manœuvres opaques, des remous sociopolitiques sont organisés et entretenus, des violences armées planifiées et programmées de longue date, sont présentées comme spontanées. Sous divers prétextes parfois subjectifs, très souvent fallacieux, des individus stipendiés revendiquent l’autonomie, voire la sécession d’une partie du territoire.
Il n’est dès lors pas curieux que des compatriotes oublieux de leur histoire, ignorants de leur personnalité, n’aient pour revendication que celle de perpétuer un certain héritage colonial. En fait, tout est mis en œuvre pour diviser, pour inciter les peuples à mieux et toujours s’entretuer, de sorte à continuer de faire peser sur eux, le poids de la dépendance et de la mendicité. Le Cameroun est dans le viseur de ces marionnettistes du chaos hégémonique.
Or, opter pour la servilité ou le séparatisme serait faire le jeu d’un colonialisme n’ayant d’idéologie que notre dégradation, notre asservissement. Le séparatisme n’a jamais satisfait que les appétits des acteurs de l’extérieur. Qui plus est, les mini-États que l’on veut créer ne seront nullement viables, ni fiables. Pour en revenir à notre pays, les puissances établies ne voient pas d’un bon œil que le Cameroun acquière son autonomie alimentaire, accède à des capacités scientifiques lui autorisant la mise sur pied d’un tissu industriel et technologique, susceptible d’en faire à l’avenir non plus un simple site d’exploitation des matières premières, mais un redoutable compétiteur sur le marché des biens et des services.
C’est pourtant cela la vocation du Cameroun. Celle de devenir un pôle majeur de prospérité et de sécurité, non pas seulement en Afrique centrale, mais sur la totalité du continent africain, avec en point de mire, les contrées plus éloignées.
Plus que jamais donc, la consolidation de l’unité, de même que l’aspiration au développement se doivent d’être notre ambition commune à tous. Il est désormais temps de prendre conscience de ce que nous avons assez souffert de la traite négrière, du protectorat, du mandat, de la tutelle, des crises économiques, et du terrorisme. Tous des facteurs de fracture sociale qui ne nous aurons guère menés que sur les chemins de la régression au plan socioéconomique, et de la distorsion morale. Le moment étant dorénavant propice à la réaffirmation de nos ambitions légitimes longtemps méprisées, ayons la lucidité et le courage d’opposer une fin de non-recevoir catégorique et définitive, à ceux qui veulent ressusciter pour mieux nous le réimposer, le triste souvenir d’une certaine histoire coloniale.
L’ambition souverainiste va immanquablement nous coûter cher en termes de sang, de sueur et de larmes. Mais elle demeure le seul investissement digne de nos efforts sacrificiels. /-