Décidément, nous vivons une époque bien particulière. Celle de la nouvelle course à la possession, l’époque du détricotage de tout ce qui a permis à l’humanité de se singulariser, de persister et de prospérer sur la terre. Il s’agit de la morale, la peur de la mort, l’instinct de conservation, le désir de fraternité, l’élan de curiosité, la liberté de penser.
Sous l’incessant pilonnage de messages pleins de faux-semblants, de lumineux mensonges et de ténébreuses vérités, les opinions se font, se défont, et se perdent. A titre d’illustration de ces incessantes contradictions, l’on se souvient que de longues décennies durant, des images d’Eldorado sous d’autres cieux auront entretenu notre rêverie. Des récits mirifiques sur l’opulence et l’aisance auront nourri nos fantasmes, l’idée de l’absence de contraintes juridiques et morales finissant de nous donner des envies de partir, confortés en celà par l’apparente réussite de ceux parmi les nôtres, qui auront traversé mers et océans.
Jusque tout récemment encore, partir pouvait sembler judicieux. C’était le projet de toute une vie. Possessions et revenus lui étaient consacrés, en dépit des dangers patents, du brouillard de l’incertitude. L’on partait d’abord, ensuite l’on avisait une fois parvenus à destination. L’échec était inimaginable, le conditionnement des mentalités et l’avantage de la devise étrangère suffisant à entretenir dans nos pays, l’illusion de la richesse.
Mais ça, c’était avant que les conditions de vie ne changent là-bas, avant que ne se constituent les routes migratoires aujourd’hui engorgées. C’était avant que les chantres de la libre circulation des personnes et des biens n’érigent des barrières à leurs frontières, sous le prétexte d’un prétendu grand remplacement. Un autre parmi les dénis de réciprocité dont ils sont coutumiers. Or, le monde ne commence ni ne s’arrête à leurs portes.
Le passé et le présent nous enseignent pourtant que l’avenir de l’humanité est en grande partie tributaire de ce que nous avons autour de nous, sous nos pieds à nous, sans qu’il soit besoin d’aller chercher ailleurs, cette fortune que les autres nous envient. Ne nous y trompons pas. Les grands humanistes universalistes devenus grands isolationnistes, n’en ont pas fini avec leurs désirs de domination.
La migration, choisie ou pas, les opportunités d’études, d’emplois et d’intégration à l’endroit de notre jeunesse, ne sont que la face reluisante d’un monde obscur fait de toutes sortes de manigances alimentées par d’insatiables convoitises. Il en est ainsi du travestissement de nos moindres faits et gestes, de la diabolisation de nos fondements sociétaux, du dénigrement de nos initiatives, de l’achat des consciences, et de l’agitation de l’épouvantail terroriste. Autant de méthodes employées pour décourager nos envies d’affirmation.
Le fait que se referment les portes de l’ancien monde devrait donc constituer pour nos jeunes, l’occasion de rendre à leurs pays ce qu’ils leur auront donné. Il s’agit de faire du berceau de l’humanité, le creuset de sa future prospérité. Grâce à cette jeunesse, l’Afrique peut devenir le nouveau paradis. Si seulement elle en avait la volonté !!!