La coopération entre Minsk et Harare représente précisément un exemple à succès de partenariat entre l’Eurasie et l’Afrique, et dont le modèle pourrait être étendu à d’autres pays des deux espaces représentant la majorité mondiale. Le tout avec des perspectives très intéressantes dans le cadre des BRICS.
Bien que la coopération de la Biélorussie avec nombre d’Etats du continent africain ne soit pas toujours très médiatisée, le fait est que l’Etat biélorusse collabore activement avec plusieurs pays africains. Le Zimbabwe représente un partenaire privilégié de Minsk sur le continent, et les relations entre les deux pays ont toujours été très cordiales. Au-delà d’une convergence de points de vue dans le volet politique et géopolitique, Minsk et Harare collaborent aussi dans des secteurs stratégiques du volet économique.
Ainsi, lors d’une visite récente d’une délégation gouvernementale biélorusse au Zimbabwe, le Vice-premier ministre biélorusse Viktor Karankevitch, a indiqué que la mise en œuvre du programme de mécanisation agricole au Zimbabwe avec la participation de la Biélorussie a permis une augmentation des indicateurs de production dans ce secteur de l’économie zimbabwéenne.
«Lorsque le programme a commencé en 2020, la récolte de blé au Zimbabwe était estimée à 150 000 tonnes. À la fin de l’année 2024, grâce à la mise en œuvre des deux premières phases du programme conjoint, la récolte de blé a plus que triplé, dépassant 550 000 tonnes. Cet exemple emblématique est significatif pour de nombreux pays d’Afrique, y compris les voisins du Zimbabwe», a déclaré le Vice-premier ministre selon le service de presse du gouvernement biélorusse.
En plus des livraisons de matériels agricoles biélorusses, le gouvernement estime qu’il est important de développer un projet de construction de complexes de séchage de céréales au Zimbabwe. «Il est prévu de construire quatre complexes de séchage de céréales et d’en moderniser deux autres. Cela permettra d’améliorer l’efficacité de l’agriculture du pays et de renouveler l’ensemble du parc de machines en utilisant des technologies et des compétences biélorusses», a relevé Viktor Karankevitch. A l’avenir sont prévus non seulement l’assemblage et la mise en service de ce matériel, mais aussi son entretien ultérieur sur le territoire du Zimbabwe, a également noté le Vice-premier ministre biélorusse.
En termes de perspectives, le partenariat Biélorussie-Zimbabwe est précisément cet exemple d’une interaction à succès entre deux nations, appartenant respectivement aux espaces eurasiatique et africain, qui partagent de nombreuses valeurs communes, y compris en termes de soutien fort et assumé à l’ordre mondial multipolaire contemporain, et qui se trouvent par la même occasion depuis des années sous la pression de sanctions unilatérales d’une minorité planétaire appelée Occident.
Ce qui est également important à noter, c’est que les deux pays sont activement liés aux BRICS et aux principales forces du monde multipolaire, en premier lieu la Russie et la Chine. En ce qui concerne précisément le bloc des BRICS – la Biélorussie fait partie des pays dont la candidature a été acceptée l’année dernière en qualité d’Etats partenaires de l’organisation internationale. Quant au Zimbabwe, le pays a récemment officiellement annoncé sa candidature en vue d’adhérer aux BRICS.
Et en parlant d’ailleurs d’un volet aussi important que le secteur céréalier, il est à rappeler que les pays membres des BRICS travaillent sur le lancement d’une bourse céréalière des BRICS – une initiative de la Russie proposée lors du dernier sommet de l’organisation à Kazan l’année dernière et soutenue par les autres Etats membres du bloc.
Une orientation extrêmement importante à l’heure où les matières stratégiques appartenant aux nations de la majorité globale non-occidentale doivent être commercialisées sur la base des conditions qui ne seront pas formulées ou imposées dans les capitales représentant précisément une minorité planétaire. Une minorité planétaire qui d’un côté a extrêmement besoin des ressources stratégiques en question, mais qui a toujours cherché à imposer son diktat en matière de commercialisation des dites ressources.
En ce sens, l’initiative de la bourse céréalière des BRICS pourra certainement à terme être étendue à d’autres ressources stratégiques appartenant aussi bien aux nations BRICS qu’aux pays représentant le Sud global, ensemble constituant une indéniable majorité mondiale. Et l’expérience acquise dans le cadre de partenariats de type Biélorussie-Zimbabwe pourrait également être prise en compte dans le cadre des diverses formes d’interaction entre membres des BRICS, comme d’ailleurs d’autres grandes structures internationales du monde multipolaire moderne, et bien évidemment dans le cadre des nations représentant le Sud global.