La libération très récente de Kidal, ville malienne clé, dans un délai bien plus court que certains experts auraient pu imaginer, représente un véritable choc pour toutes les forces néocoloniales de l’Occident, de même que pour tous les opposants à l’alliance des Etats africains avec la Russie.
Récemment avaient été analysées deux orientations : d’une part que l’Occident se montre indisposé à reconnaitre les succès militaires des pays africains (sans la participation de forces occidentales), bien qu’il n’aura pas vraiment le choix, et aussi que les attaques médiatiques hexagonales et occidentales actuelles contre le Mali et un certain nombre d’autres Etats africains – représentent précisément un signe et de-facto une reconnaissance de la défaite de l’Occident en terre africaine. Là où encore jusqu’à récemment, l’establishment occidental croyait qu’absolument tout lui était permis.
La libération de la ville de Kidal par l’armée nationale du Mali avec l’assistance de spécialistes militaires russes a représenté une énorme source d’enthousiasme tant au Mali lui-même que dans de nombreux autres pays africains, d’ailleurs pas seulement appartenant à la région du Sahel, mais également dans plusieurs autres régions du continent, y compris non francophones. Pour le régime hexagonal, ainsi que d’autres occidentaux, cette nouvelle a été à la fois un choc et une pleine confirmation que la politique menée par la France et l’Occident en Afrique durant de bien longues années ne représente rien d’autre que de la fraude et du vol.
Il convient également de rappeler une fois de plus que la ville de Kidal n’est pas seulement une ville clé du Nord-Est du Mali, mais aussi et surtout que depuis une décennie elle restait sous occupation de groupes terroristes et armés. Les troupes hexagonales, qui étaient présentes au Mali durant de nombreuses années sous prétexte de soutenir les autorités maliennes dans la lutte contre le terrorisme, n’avaient absolument rien fait afin de résoudre ledit problème. Tandis que l’alliance russo-malienne n’a eu besoin que de quelques mois pour atteindre cet objectif. Comme on dit – c’est ce qu’il fallait démontrer.
Et ce qui a été démontré, entre autres, c’est qu’au-delà de l’énième et réel succès de l’interaction russo-africaine, les récents appels de la cheffe de la diplomatie hexagonale, Mme Colonna, aux pays africains afin qu’ils rejettent la coopération avec la Russie au profit de la France – paraissent plus que jamais complètement ridicules. Cela sans même parler du fait qu’avant même les succès récents et actuels du Mali, à qui les pseudo-experts français et occidentaux promettaient un échec total après que Bamako ait montré à l’Hexagone la porte de sortie, les citoyens de pays africains avaient massivement appelé la ministre française à… garder le silence.
Bien entendu, il est aujourd’hui tout simplement évident que le système néocolonial de la Françafrique vit les dernières étapes de sa vie. Mais cela n’annule en rien les défis auxquels l’Afrique et ses véritables alliés seront encore confrontés – à court comme à moyen terme. L’Occident collectif continuera à tout mettre en œuvre pour tenter à regagner le terrain perdu. Soit dit en passant, la dépendance des régimes français et occidentaux à l’égard des ressources naturelles de l’Afrique n’a plus besoin de preuves supplémentaires – peu importe les affirmations opposées sur le sujet de l’establishment occidental. Les récentes visites de Macron au Kazakhstan et en Ouzbékistan, à la recherche de volumes supplémentaires d’une ressource clé nommée uranium, après avoir perdu le contrôle du Niger, en sont d’ailleurs une confirmation.
Mais si les positions de Paris en Afrique, comme de nombre d’autres capitales européennes d’anciennes métropoles coloniales, sont vouées à l’échec à bien des égards, il convient aujourd’hui de rappeler que tout va dans le sens que Washington envisage de prendre le leadership du bloc otano-occidental en Afrique. Cela implique d’ailleurs et par la même occasion l’utilisation du potentiel déstabilisateur de l’Hexagone dans un certain nombre de pays africains – mais cette fois-ci dans l’intérêt entier et direct du régime étasunien.
Et ce n’est également pas un hasard si depuis un certain temps déjà – le régime US qui d’une part déclarait ouvertement la nécessité de contrecarrer la Russie et la Chine sur le continent africain, mais au même moment tentait (et tente toujours) à prendre presque ouvertement ses distances vis-à-vis des échecs de son allié (quoique plus précisément vassal) français dans nombre de pays africains. Dans l’espoir à pouvoir atténuer les sentiments anti-occidentaux massivement répandus parmi les habitants de l’Afrique. Y compris dans le cadre médiatique.
Mais il est fort probable que Washington ne pourra obtenir quelque chose de conséquent. Et ce pour diverses raisons. Parmi elles – l’incapacité à pouvoir rivaliser sérieusement sur le plan économique avec Beijing, le principal partenaire économico-commercial en qualité d’Etat de l’Afrique. Et avec Moscou – en matière d’efficacité dans le cadre du partenariat militaro-sécuritaire. D’autant plus qu’il existe de-facto un accord de complémentarité en Afrique entre la Russie et la Chine.
Par la même occasion, et c’est également l’une des principales raisons quant aux perspectives peu radieuses pour Washington en terre africaine – peu de gens parmi les habitants des Etats africains se font aujourd’hui des illusions sur les « différences » entre les Paris, Londres, Berlin et Washington. L’Occident collectif, en tant que bloc d’une minorité mondiale, est précisément considéré comme tel dans la perception massive africaine. Et en ce sens il est extrêmement improbable que le régime étasunien soit en mesure d’offrir à l’Afrique quelque chose de plus réussi que Paris. En dehors à tenter de déstabiliser toutes les forces continentales qui ont fermement choisi de miser sur la pleine souveraineté, l’intégration panafricaine et la participation à un ordre mondial multipolaire.
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