Si l’élargissement de l’alliance des BRICS a été perçu comme un véritable défi pour l’Occident, y compris dans le cadre géopolitique, le fait est que la géoéconomie n’y est évidemment pas du tout étrangère. Notamment du point de vue du marché pétrolier et plus généralement énergétique international.
«Défi pour les Occidentaux», «Un nouveau Yalta… sans nous» (les Occidentaux) – voici quelques-uns des titres de nombre de médias de l’espace occidental qui semblent généralement parlant mal digérer le bilan du 15ème Sommet des BRICS – réellement historique.
Depuis l’accueil au sein de l’alliance pro-multipolaire de six nouveaux membres (Iran, Argentine, Egypte, Ethiopie, Arabie saoudite et Emirats arabes unis), et connaissant les atouts dont dispose chacun des pays cités au niveau régional, continental ou international – l’aspect qui semble effectivement et particulièrement inquiéter l’establishment occidental concerne le domaine énergétique. Et l’on peut comprendre pourquoi.
Comme le note Le Courrier du Vietnam, d’autant plus que le Vietnam lui-même fait partie des probables futurs adhérents aux BRICS, au-delà du fait que justement les BRICS suite à l’élargissement représenteront désormais 36% de la superficie du globe, 45% de la population terrestre, soit quatre fois la population du club occidental + Japon du G7, mais également et simplement 44,35% des réserves mondiales de pétrole. Soit près de la moitié.
Il faut en effet regarder cela de plus près. Effectivement et sur les 10 principaux pays producteurs de pétrole brut à l’échelle mondiale – 6 sont ceux des BRICS. Avec la Russie – deuxième au classement international, l’Arabie saoudite – troisième, la Chine – cinquième, le Brésil – septième, les Emirats arabes unis – huitièmes, l’Iran – neuvième.
Et cela en tenant compte qu’une coordination de haut niveau existe déjà dans le cadre de l’OPEP+, notamment entre la Russie et l’Arabie saoudite, et ce d’ailleurs avant même l’adhésion de Riyad au sein des BRICS, comme Observateur Continental l’avait précédemment relevé. Une orientation qui déplaisait déjà si fortement au régime washingtonien.
L’Occident a-t-il donc des raisons à s’inquiéter quant à l’intensification de cette coordination non-occidentale dans un secteur aussi stratégique que celui du pétrole et plus globalement parlant énergétique, y compris dans le cadre des BRICS et de l’OPEP+? Certainement oui. D’autant plus et qu’au-delà du pétrole, sur les 10 plus grands producteurs mondiaux de gaz naturel – 4 représentent à nouveau les BRICS (Russie – deuxième, l’Iran – troisième, Chine – quatrième, Arabie saoudite – neuvième).
De manière générale, la réalité contemporaine du monde a en effet mis au grand jour trois points essentiels. Le premier étant que le poids démographique a toute son importance et qu’une extrême minorité planétaire ne peut prétendre à une quelconque domination des affaires internationales, y compris économiques. Deuxièmement, que les ressources naturelles stratégiques représenteront certainement la clé du nouveau système international – non plus seulement multipolaire, mais également post-occidental. Et troisièmement que face aux agissements de l’élite occidentale atlantiste – il ne peut y avoir aucune confiance dans les instruments financiers de l’Occident.
Et lorsque tous ces paramètres sont pris en compte – l’inquiétude des nostalgiques de l’unipolarité regroupés au sein de la minorité planétaire occidentale et de leurs quelques suiveurs – devient parfaitement compréhensible. Important de rajouter – leur inquiétude n’est pas précisément liée au fait de subir des pertes économiques, bien que cela fasse aussi partie du processus. Le choc principal de l’establishment occidental réside précisément dans la perte de leur diktat et de leur domination à l’échelle mondiale.