Le patron du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), Noureddine Adam, s’en est pris au président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, dans une interview accordée au journal tchadien “Alwihda Info” (Indépendant), mardi.
« Les ambitions d’un troisième mandat de Touadera sont une folie, une démence intellectuelle, une faute politique, morale et éthique. A travers le coup d’État constitutionnel, Touadera, non seulement a désincarné la fonction de Chef de l’État et procédé à sa délégitimation, mais encore, et c’est le pire, a plongé notre pays dans une situation des ‘’états de violences’’ inédits », a-t-il souligné dans cette interview.
Noureddine Adam a estimé que « le raccourcissement de mandat des juges constitutionnels » et « les menaces contre les opposants politiques et attaques des chancelleries et des institutions internationales » témoignent de l’engagement de Touadera à modifier la Constitution pour briguer à un troisième mandat.
« Plus rien ne l’arrête dans sa quête effrénée de présidence à vie et dans l’instauration des états de violence. Tout bien considéré, Touadera ne mérite plus d’exercer la haute fonction de Président de la République centrafricaine et ne mérite plus le respect et l’obéissance du peuple centrafricain », a relevé le chef du FPRC.
L’ancien dirigeant de la Seleka a noté que « la situation politique, sécuritaire et humanitaire en RCA, sous le règne de Touadera, est chaotique et anarchique » depuis sa prise du pouvoir en RCA en février 2016.
« Avec le coup d’État constitutionnel, nous assistons au naufrage de l’État et à l’agonie d’une nation. L’observation des faits depuis décembre 2020 en République centrafricaine met en exergue la faillite politique, économique, sociale et sécuritaire », a t-il souligné.
Selon ce dernier, le règne de Touadera est caractérisé par « la mal gouvernance politique et économique, la fourberie des gouvernants, la corruption généralisée et détournements des deniers publics, un patrimonialisme à outrance, l’inexistence des services de l’État dans l’arrière-pays, l’absence de croissance économique, industrielle et sociale ».
Pour rappel, le 26 mai dernier, un projet de modification de la Constitution a été présenté aux chefs des groupes parlementaires de la majorité présidentielle. Il permettrait au président Touadera de briguer un nouveau mandat.
La Commission institution et démocratie à l’Assemblée nationale centrafricaine, a détaillé plusieurs propositions, parmi lesquelles figurent la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels et la nomination d’un vice-président.
Le chef rebelle centrafricain Noureddine Adam qui est contre ce troisième mandat de Touadera, est visé depuis juillet dernier par un mandat d’arrêt à la Cour pénale internationale pour des crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
Membre de l’ancienne coalition Séléka, qui avait renversé François Bozizé en 2013, il a brièvement occupé le poste de ministre de la Sécurité publique avant d’entrer à nouveau en rébellion et de reprendre les armes avant même le début de l’année 2014.
Signataire des accords de paix dits de Khartoum, en février 2019, il était aussi devenu, depuis, l’un des piliers de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), qui a tenté de renverser le président Faustin-Archange Touadera fin 2020.
Il s’est réfugié alors au Soudan.
Anadolu Agency