Le président du Conseil militaire de transition tchadien, le général Mahamat Idriss Déby, conclut ce lundi 30 août une visite de deux jours au Soudan. Au menu des discussions figurent la coopération économique et surtout la coopération militaire et sécuritaire.
Mahamat Idriss Déby est arrivé à Khartoum avec une délégation de haut niveau pour évoquer principalement des questions d’ordre sécuritaire, et notamment le contrôle des frontières avec le voisin du Nord, la Libye. Le Tchad et le Soudan, qui partagent une frontière de 1 300 kilomètres, traversent tous deux une période de transition fragile dans laquelle les militaires ont toujours la main haute sur le pouvoir.
Quelques jours seulement après la visite de Moussa al-Kone, vice-président du Conseil présidentiel libyen, Ndjamena et Khartoum souhaitent réactiver un accord ratifié en juin 2018 entre le Soudan, la Libye, le Tchad et le Niger.
Cet accord prévoyait de déployer des troupes conjointes à leurs frontières pour combattre les trafics, les migrations ainsi que les incursions de groupes armés. Et c’est bien ce dernier point qui inquiète le général Mahamat Idriss Déby au Tchad. Les hordes de mercenaires recrutés, entraînés et armés en Libye, financés par des puissances étrangères, posent une sérieuse menace à la stabilité régionale, a déclaré la présidence tchadienne.
Joint par RFI, Cameron Hudson, chercheur sur l’Afrique à l’Atlantic Council, estime que cette visite est aussi l’occasion, pour le chef de la junte militaire tchadienne, de s’inspirer de la transition politique en cours au Soudan où les militaires tiennent toujours les rênes du pays : « C’est intéressant de faire la comparaison entre les transitions qui ont lieu au Tchad et au Soudan. Le Soudan pourrait incarner un potentiel modèle, même si je ne suis pas certain que c’est celui que le Tchad veut suivre. La transition au Soudan n’est pas encore écrite. On ne sait pas si les civils vont finir par reprendre le contrôle du pays, après des élections démocratiques, ou si les militaires vont maintenir leurs positions d’une manière ou d’une autre. Cependant, il y a tout de même des leçons à en tirer et Idriss Deby semble vouloir essayer de les appliquer, en ce qui concerne les relations avec les mouvements armés et l’opposition politique, pour tenter de les inclure dans une sorte de dialogue national. Un dialogue qui n’est pas encore arrivé au Tchad mais les Soudanais ont ouvert une voie, montrant ce à quoi cela pourrait ressembler. Enfin, à la place de Deby, il faut voir comment le Soudan peut être un modèle, pas seulement sur comment gérer une transition mais aussi sur comment gagner le soutien des pays occidentaux. »
À Khartoum, l’héritier d’Idriss Déby a également rendu visite à Mohamed Hamdan Dogolo, alias « Hemeti », un proche de son père. Hemeti est le commandant des forces de soutien rapide d’une unité paramilitaire issue des milices Janjawid qui sont responsables de nombreux crimes au Darfour, à la frontière tchadienne.