Les mouvements de colère se multiplient dans le pays depuis l’attaque djihadiste qui a touché le village de Solhan le 5 juin, faisant entre 132 et 160 morts selon les sources.
« Non à l’abandon des populations », « Non aux attaques sans fin », « Y-a-t-il encore un président au Burkina Faso ? » Des milliers de personnes ont marché samedi 3 juillet dans les rues de plusieurs villes du Burkina Faso, dont la capitale Ouagadougou, pour protester contre « l’aggravation » de la situation sécuritaire.
Ces manifestation, à laquelle avaient également appelé plusieurs organisations de la société civile, étaient les premières organisées par l’opposition depuis la réélection du président Roch Marc Christian Kaboré en 2020. Evoquant des cortèges qui se sont déployés « de Dori à Kampti, de Dedougou à Diebougou, de Ouagadougou à Diapaga », le chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo a salué une « mobilisation gigantesque à travers le pays malgré les appels au boycott par le pouvoir ». Le chef de l’Etat avait demandé aux organisateurs de « surseoir » aux marches de samedi.
« Pendant le premier mandat du président Kaboré (de 2015 à 2020), on a dénombré officiellement plus de 1 300 morts et 1,2 million de déplacés internes », a rappelé M. Komboïgo, affirmant qu’il « est à craindre que le second mandat ne soit pire que le premier car depuis le début de l’année, nous sommes à plus de 300 morts ».
Les ministres de la défense et de la sécurité limogés
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières de formations djihadistes, dont le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (affilié à Al-Qaida) et le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Le pays a connu dans la nuit du 4 au 5 juin l’attaque djihadiste la plus meurtrière depuis 2015, commise contre le village de Solhan (nord-est) et ayant fait entre 132 et 160 morts selon les sources. Depuis, les manifestations de colère se multiplient.
« Au regard des dernières évolutions macabres sur le plan sécuritaire, il était temps de donner un signal fort aux dirigeants pour se ressaisir et mesurer la gravité de la situation », a estimé Aristide Ouédraogo, membre de la société civile.
Interrogé au téléphone par l’AFP, un manifestant de la commune de Madjoari, dans l’Est du Burkina, a dit marcher « pour que les nombreux déplacés puissent retourner dans leurs localités d’origine et vivre paisiblement ».
Face à cette colère, le président Kaboré a limogé mercredi les ministres de la défense Chériff Sy et de la sécurité, Ousséni Compaoré, et assume désormais lui-même le poste de la défense.
Source: Le Monde