AES : John Mahama conclut à Ouagadougou une tournée axée sur la coopération

Jeudi 6 mars à Abidjan, le président ghanéen s’est montré optimiste quant à un retour des pays de l’AES au sein de la CEDEAO. Cependant, quelle que soit l’issue des négociations, Accra semble disposer à approfondir ses relations avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Ce lundi 10 mars 2025, le président ghanéen, John Dramani Mahama, est à Ouagadougou, où il est reçu par son homologue burkinabè, Ibrahim Traoré. Cette rencontre marque la dernière étape d’une tournée entamée le 8 mars dans les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES).

« Au cours de son séjour au pays des hommes intègres, le chef d’Etat ghanéen […] et son homologue burkinabè […] vont faire un tour d’horizon de la coopération entre nos deux pays, unis par des liens historiques et géographiques solides », a indiqué la présidence du Faso, ajoutant que « la situation sécuritaire au Sahel et la géopolitique sous-régionale et internationale seront également au menu des échanges entre les deux chefs d’Etat qui partagent la même vision sur nombre de questions de gouvernance mondiale ».

Les mêmes thématiques ont été abordées lors des visites précédentes à Bamako et à Niamey. A Bamako, John Mahama a plaidé pour la relance de la Commission mixte de coopération, suspendue depuis 2011, afin de surmonter les obstacles commerciaux et diplomatiques. La sécurité régionale a également occupé une place centrale, notamment le renforcement de la coopération avec l’AES face à la menace terroriste. Malgré la rupture entre le Mali et la CEDEAO, le président ghanéen a insisté sur la nécessité de préserver les liens entre les peuples et encouragé le dialogue entre le bloc régional et les pays sahéliens.

Cette tournée intervient quatre jours après sa visite en Côte d’Ivoire, où il s’est vu confier par son homologue Alassane Ouattara une mission de médiation pour favoriser un retour des pays de l’AES au sein de la CEDEAO. A cette occasion, il s’était montré optimiste, affirmant qu’il est encore possible de « ramener nos pays frères à la maison ». Contrairement à plusieurs autres pays de la CEDEAO, le Ghana a toutefois multiplié les gestes d’ouverture envers l’AES depuis l’arrivée au pouvoir de John Mahama. Celui-ci a récemment nommé un envoyé spécial pour la région, et, le 7 janvier, le capitaine Ibrahim Traoré ainsi que le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga figuraient parmi les invités de marque à son investiture. Une délégation ghanéenne s’était d’ailleurs rendue à Bamako pour inviter officiellement Assimi Goïta, affirmant la volonté du nouveau président de renforcer les liens avec ces Etats.

En dépit de leur départ officiel de la CEDEAO, les trois pays de l’AES disposent d’un moratoire de six mois pour revenir sur leur décision. Pour éviter une rupture brutale des échanges économiques et sociaux, l’organisation régionale a maintenu, jusqu’à nouvel ordre, la libre circulation, la résidence et l’installation des citoyens burkinabè, maliens et nigériens sur son territoire. Néanmoins, les nouvelles autorités ghanéennes, bien que favorables à une réconciliation, semblent prêtes à approfondir la coopération avec l’AES, quelle que soit l’issue des négociations. Parmi les opportunités mises en avant, Accra pourrait tirer parti de la détérioration des relations entre la Côte d’Ivoire et l’AES pour renforcer ses échanges avec le Mali et le Burkina Faso, notamment en leur proposant des alternatives portuaires.

Plus largement, le départ des trois pays sahéliens a ravivé les enjeux économiques liés aux connexions entre les Etats côtiers et ceux de l’hinterland. Alors que le port de Lomé cherche à capter le trafic nigérien au détriment du port de Cotonou, fragilisé par la crise diplomatique entre le Bénin et le Niger, le Ghana pourrait également jouer sa carte en offrant une nouvelle porte d’entrée au Burkina Faso et au Mali.