Depuis plusieurs mois, l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est en proie à une offensive militaire menée par le mouvement rebelle du M23, soutenu par le Rwanda. Cette guerre fait rage, tandis que le gouvernement de Félix Tshisekedi semble détourner son attention d’une menace grandissante pour se concentrer sur des problèmes internes qui semblent moins urgents. En effet, au lieu de se concentrer sur la résistance face à l’AFC/M23, le Président congolais semble s’attaquer à des soldats mal équipés et mal entraînés, condamnant même certains à la peine capitale pour avoir fui devant l’ennemi. Le véritable enjeu se trouve ailleurs, mais les priorités de Tshisekedi, selon certains observateurs, pourraient l’éloigner de la véritable bataille.
Le 28 février dernier, un tribunal militaire de la garnison de Butembo, située dans la province du Nord-Kivu, a prononcé la condamnation à mort de 55 soldats des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Accusés de « lâcheté devant l’ennemi » lors des récentes offensives du M23, ces hommes ont été jugés pour leur fuite en face des rebelles, mais aussi pour des actes de pillage, de viol et de vol. Bien que des sanctions soient nécessaires face à la désertion, la décision de recourir à la peine de mort remet sur la table des débats de nombreuses questions sur la politique de Tshisekedi.
Les soldats congolais sacrifiés
En effet, les FARDC, souvent sous-équipées et mal formées, se retrouvent à affronter un ennemi mieux armé et plus déterminé. Plutôt que de renforcer ses troupes ou de rechercher des solutions diplomatiques, Tshisekedi semble préférer se concentrer sur des purges internes, punissant des soldats qui fuient la guerre plutôt que de renforcer les capacités de son armée face à une menace de plus en plus pressante.
Les critiques de cette approche sont nombreuses. Au lieu d’adopter une position forte contre le M23 et ses soutiens étrangers, Félix Tshisekedi semble se perdre dans des querelles internes en ciblant des soldats de base, souvent mal préparés à faire face à des groupes rebelles bien organisés. En condamnant à mort ces militaires, Tshisekedi risque de détourner l’attention des véritables enjeux de sécurité. Cette obsession pour la « lâcheté » devant l’ennemi renforce plutôt la perception selon laquelle le Président ne gère pas la situation de manière adéquate.
La menace grandissante du M23 et les priorités mal orientées
Le M23, soutien supposé du Rwanda, continue d’étendre son contrôle sur de vastes régions du Kivu, dont Lubero et Butembo. Ces zones stratégiques, riches en ressources naturelles, ont été prises d’assaut par les rebelles, et la réponse militaire des FARDC a été largement inefficace. Pendant ce temps, Tshisekedi semble plus préoccupé par des querelles politiques internes que par l’ampleur de la menace à l’Est. Le fait que des militaires fassent face à la justice pour des actes de « lâcheté » pourrait être interprété comme une tentative de détourner l’attention de la population de l’incapacité du gouvernement à repousser les rebelles. Plutôt que de se concentrer sur les véritables causes de cette déroute militaire, le pouvoir en place choisit de s’attaquer à ses propres forces armées.
Cette politique pourrait avoir des conséquences dramatiques à long terme. En effet, les réformes nécessaires pour améliorer les capacités des FARDC ne semblent pas être au programme. Au lieu de chercher des solutions pour renforcer l’armée, Tshisekedi préfère punir ceux qui sont censés la défendre. Le mouvement M23 se renforce jour après jour, occupant des positions stratégiques dans l’Est, et semble difficile à contenir avec l’état actuel des forces armées congolaises.
Le dialogue politique et religieux : une distraction inutile ?
Au-delà des problèmes militaires, le gouvernement congolais semble mener une série de tentatives de contrôle sur des acteurs politiques et religieux, dans un contexte de tensions internes croissantes. Récemment, le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur a organisé des auditions de figures politiques et religieuses, notamment Emmanuel Ramazani Shadary, un proche de l’ex-Président Joseph Kabila, et Monseigneur Donatien N’shole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Ces auditions visaient à déterminer les liens de ces figures avec des mouvements susceptibles de menacer la stabilité du pays, mais elles arrivent à un moment où les priorités devraient être ailleurs.
La convocation de religieux et de figures politiques pour des interrogatoires peut être perçue comme une distraction de taille. Pourquoi ne pas privilégier un dialogue avec les acteurs politiques nationaux pour faire face à la situation catastrophique dans l’Est du pays ? Pourquoi ne pas utiliser l’influence des leaders religieux pour promouvoir un véritable dialogue national, plutôt que de les solliciter pour des questions de sécurité internes ?
Un manque d’action face au véritable ennemi
En procédant à de telles auditions, Félix Tshisekedi semble perdre de vue le véritable problème auquel son pays est confronté. Les dirigeants de la RDC sont plutôt attendus pour pondre une stratégie unifiée et coordonnée pour faire face au M23, mais aussi pour gérer les conséquences humanitaires de ce conflit. Concentrer l’attention sur des problèmes internes qui ne concernent pas directement la guerre à l’Est s’avère être une erreur stratégique.
Finalement, la véritable question que pose la situation actuelle est de savoir si Félix Tshisekedi fait face à la bonne bataille. La RDC est confrontée à un ennemi bien plus puissant que les soldats déserteurs ou les intrigues politiques internes. Le M23, soutenu par le Rwanda, poursuit son avancée dans l’Est, et les FARDC sont dans une situation de faiblesse indéniable. Plutôt que de punir des militaires mal préparés et mal équipés, Tshisekedi devrait se concentrer sur la restauration de la puissance militaire et la sécurité du pays. Sans une véritable réponse face aux rebelles et à leurs soutiens, les priorités du gouvernement congolais risquent de mener le pays dans une spirale de conflits internes, en plus de détourner l’attention des enjeux géopolitiques et militaires fondamentaux.