Les combats entre l’armée congolaise (FARDC) et le M23, soutenu par le Rwanda, intensifient la guerre dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Les affrontements, concentrés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, provoquent de graves pertes humaines et un exode massif de civils. Le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, est particulièrement touché par les récentes avancées des troupes rebelles, ce qui aggrave une situation déjà instable.
La guerre qui déchire l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis plusieurs années prend un tournant inquiétant avec l’intensification des combats entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda. Ces affrontements, qui se concentrent principalement dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ont engendré de lourdes pertes humaines et des déplacements massifs de population. La situation reste particulièrement volatile, notamment dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu, où les troupes rebelles ont récemment fait de nouvelles avancées.
Prise de contrôle de Kalehe-centre par le M23
Le 12 février 2025, les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, ont pris le contrôle des cités d’Ihusi et de Kalehe-centre, situées à environ 60 kilomètres de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. Cette avancée constitue un tournant majeur dans le conflit, car ces localités stratégiques permettent aux insurgés d’étendre leur emprise sur cette région clé du pays. La prise de Kalehe-centre, un carrefour important entre plusieurs routes reliant Bukavu à d’autres parties de la province, représente une victoire symbolique pour le M23, qui semble intensifier ses efforts pour contrôler des zones cruciales à la fois politiquement et militairement.
Les combats, particulièrement violents, ont provoqué de nouveaux déplacements de civils, fuyant les zones de combat à la recherche de refuge ailleurs. Les affrontements ont continué de faire rage le 13 février 2025, particulièrement dans la localité de Chofi, à cinq kilomètres de Kalehe-centre, ainsi qu’à Kasheke, située sur la Route nationale 2, une artère vitale menant à Kavumu, une autre région stratégique.
Une guerre de haute intensité dans le Nord et le Sud-Kivu
Le conflit entre le M23 et l’armée congolaise se poursuit également dans d’autres zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, avec des combats violents enregistrés, notamment dans le territoire de Ndoluma, dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu. Les bruits d’explosions d’armements lourds ont encore été entendus dans cette zone, marquée par une forte présence de groupes armés et une violence croissante depuis plusieurs mois.
Le soutien militaire du Rwanda au M23 a exacerbé la situation, et la RDC accuse ouvertement son voisin rwandais de soutenir les rebelles pour déstabiliser l’Est de son territoire, une accusation que Kigali a systématiquement niée. Cette situation fait de l’Est de la RDC un foyer de tensions régionales, avec des implications diplomatiques majeures.
Les Églises jouent la carte de la médiation
Face à l’escalade du conflit, plusieurs acteurs internationaux et locaux tentent d’intervenir pour parvenir à une désescalade. Les Églises catholique et protestante ont pris une place active dans la médiation. Le 12 février, les dirigeants religieux ont rencontré Corneille Nangaa, coordonnateur du M23, à Goma. Cette rencontre a permis d’entamer un dialogue dans l’espoir de trouver une issue pacifique à cette crise.
Les Églises, conscientes des enjeux diplomatiques, ont prévu de poursuivre leurs efforts sur le plan international, avec des rencontres à venir, notamment avec le président rwandais Paul Kagame. Ces rencontres pourraient avoir lieu en Afrique ou en Europe, mais les projets de voyage ont récemment été ajustés. Une mission est également prévue dans plusieurs pays africains afin de rencontrer des dirigeants régionaux et de tenter de trouver des solutions durables à cette guerre dévastatrice.
L’Ouganda et le Burundi redoutent l’extension du chaos
Goma, capitale du Nord-Kivu, est un autre point névralgique du conflit. Cette ville a été prise et perdue à plusieurs reprises par les rebelles au cours des dernières années, en particulier après l’offensive lancée en 2012. Le contrôle de Goma, une ville stratégique en raison de sa proximité avec la frontière rwandaise et de son rôle économique majeur dans la région, reste un objectif important pour les forces rebelles. Depuis l’occupation temporaire de Goma par le M23 en 2012, la ville est un symbole de la lutte pour le contrôle de l’Est de la RDC.
L’instabilité persistante à Goma et dans ses environs a des conséquences humanitaires dramatiques. Des milliers de personnes continuent de fuir les combats. Les accusations contre le Rwanda d’avoir soutenu le M23 ont exacerbé les tensions entre les deux pays voisins, déjà marquées par une histoire de conflits et de rivalités. La situation est également préoccupante pour d’autres voisins de la RDC, comme l’Ouganda et le Burundi, qui redoutent l’extension du chaos à leurs frontières. La communauté internationale, y compris l’ONU et l’Union Africaine, tente de jouer un rôle de médiation, mais les solutions restent incertaines.