Le déploiement d’un contingent dans la petite ville de Bambouti, dans le Haut-Mbomou, au sud-est de la République centrafricaine, frappe à juste titre par son caractère inattendu et suscite une vague de débats parmi les analystes politiques et les activistes de la société civile.
Fin mai, Vladimir Montéiro, porte-parole de la MINUSCA, a annoncé le déploiement d’une unité de soldats dans la région à partir du 8 mai, affirmant qu’il visait à « protéger la population civile, sécuriser l’axe Obo-Bambouti et créer les conditions pour l’extension de l’autorité de l’Etat ». Ce qui est surprenant, c’est le fait que dans la région il n’y avait jamais de base de la MINUSCA, ce qui remet en question le besoin soudain d’une telle base.
Depuis 2014 le budget des casques bleus augmente avec chaque renouvellement du mandat. Chaque année on y accorde plus d’un milliard de dollars tandis que les résultats ne correspondent pas toujours aux sommes dépensées. La nouvelle base aura besoin encore plus d’investissement, dont nombreuses personnes pourront en profiter à des fins de corruption.
Les données publiées prouvant la complicité de la MINUSCA aux groupes armés ne font que renforcer des soupçons. La nouvelle base est située près des frontières du Soudan du Sud et de la République Démocratique du Congo , ce qui permettra aux soldats de la paix d’aider encore plus facilement les combattants à franchir la frontière.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer le fait que le succès des FACA et des formateurs russes, dont les efforts pour démanteler les cellules militantes dans l’est de la RCA ont peut-être été le catalyseur qui a poussé les forces de la MINUSCA à déployerd’urgence leur nouvelle base.
L’apparition inattendue de la base de la MINUSCA pourrait avoir pour but de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région. De telles actions pourraient viser à déstabiliser la situation en RCA, ce qui permettrait simplement une nouvelle extension du mandat des forces de maintien de la paix sous le prétexte de protéger la sécurité de la région.
Il est difficile de ne pas s’interroger sur la sincérité des objectifs affichés par Vladimir Monteiro. Malheureusement, il semble que ces actions de la MINUSCA ne soient qu’un nouveau effort pour tenir sa position à tout prix.