RD Congo : les Casques bleus chinois sur le départ

Le retrait de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo, réclamé par Kinshasa, se poursuit avec le départ des Casques bleus chinois de leur base dans le Sud-Kivu.

Photo d'archive. Des Casques bleus de la Monusco déployés à Kibumba, au nord de Goma à l'est de la RDC, 28 janvier 2022. AP Photo/Moses Sawasawa

Après les Pakistanais fin février, les Casques bleus chinois de la Monusco, la mission de l’ONU en République démocratique du Congo, ont fait mardi leurs adieux au Sud-Kivu (est), nouvelle étape du retrait de la force onusienne réclamé par Kinshasa qui la juge désormais inutile.

Ils “se sont distingués par leur savoir-faire, leur professionnalisme et leur discipline”, a salué la cheffe de la Monusco, Bintou Keita, lors d’une cérémonie organisée à la base occupée depuis 2003 par un contingent chinois du génie civil et de médecins, au bord du lac Kivu, à une quinzaine de kilomètres au nord de la capitale provinciale Bukavu.

Ses quelque 220 hommes travaillaient essentiellement sur des projets d’ingénierie, la réparation de routes, la réhabilitation de ponts, etc.

Leur départ, qui sera effectif dans une dizaine de jours, fait suite à celui d’environ 270 Casques bleus pakistanais qui ont remis le 28 février à la police congolaise les clés de leur base de Kamanyola, près des frontières avec le Rwanda et le Burundi.

Après 25 ans de présence, les autorités congolaises estiment que les Casques bleus sont inefficaces contre les groupes armés et ont demandé leur départ “accéléré”, acté en décembre dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU malgré ses inquiétudes sur l’escalade de la violence dans l’Est.

La Monusco (ex-Monuc), qui compte actuellement environ 15.000 Casques bleus, est encore présente dans les trois provinces les plus troublées de la région, le Sud-Kivu, le Nord-Kivu et l’Ituri. Pour un retrait que l’ONU et Kinshasa disent vouloir “ordonné, responsable et durable”, un “plan de désengagement” en trois phases a été adopté.

Situation “fort inquiétante”

La première planifie le retrait de la Monusco du Sud-Kivu d’ici le 30 avril pour ses militaires et policiers, et d’ici le 30 juin pour sa composante civile.

Avant le mois de mai, quelque 2.000 Casques bleus sont censés quitter la province, échéance qui semble difficile à tenir au vu du rythme de retrait et de transfert d’installations onusiennes observé jusqu’à présent.

L’ONU souligne avec insistance que le départ des Casques bleus doit s’effectuer en parallèle d’une “montée en puissance” des forces de sécurité congolaises qui devront prendre le relais pour protéger les civils.

Le retrait de la Monusco est amorcé alors que le Nord-Kivu connaît un pic de crise depuis la résurgence, fin 2021, de la rébellion du M23 (“Mouvement du 23 mars”) qui, soutenue par le Rwanda, s’est emparée de vastes pans de territoire.

“Force est de constater que les groupes armés illégaux sévissent toujours dans l’est du Congo” et que “la situation humanitaire y demeure fort inquiétante”, a déclaré à la cérémonie de mardi l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhao Bin.

La Chine, a-t-il dit, “exhorte tous ces groupes armés, dont le M23, à mettre fin à la violence et aux atrocités et à se retirer des zones occupées”.

Après le Sud-Kivu, les 2e et 3e phases du “désengagement” de la Monusco concerneront l’Ituri et le Nord-Kivu, mais elles ne seront activées qu’après des évaluations régulières de la mise en œuvre des étapes précédentes.

En janvier, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, avait clairement souhaité que le retrait soit complet à la fin de cette année. Le Conseil de sécurité n’a quant à lui pas fixé de date limite.