La mise en service de la raffinerie de Dangote au Nigeria est susceptible de perturber un commerce historique d’essence entre l’Europe et l’Afrique, évalué à 17 milliards de dollars par an, ce qui accentue la pression sur les raffineries européennes déjà menacées par une concurrence accrue, selon les experts.
Cette raffinerie, dont la construction, évaluée à 20 milliards de dollars, a débuté sa production en janvier, dispose d’une capacité de raffinage pouvant atteindre 650 000 barils par jour (b/j). À pleine capacité, elle deviendra la plus grande d’Afrique et d’Europe, un événement longtemps attendu dans la quête d’indépendance énergétique du Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique et principal producteur de pétrole du continent, mais qui dépend largement des importations de carburant en raison de capacités de raffinage insuffisantes.
Selon les données de Kpler, environ un tiers des exportations d’essence de l’Europe, totalisant 1,33 million de b/j en 2023, étaient destinées à l’Afrique de l’Ouest, principalement au Nigeria. La possible perte de ce marché ouest-africain représente un défi pour plusieurs raffineries européennes qui ne peuvent adapter leur essence aux normes environnementales plus strictes d’autres marchés, a expliqué Eugene Lindell, responsable des produits raffinés chez FGE.
Selon Andon Pavlov, analyste chez Kpler, entre 300 000 et 400 000 b/j de capacité de raffinage en Europe risquent de fermer en raison de la hausse de la production mondiale d’essence. Cette tendance pourrait affecter des raffineries telles que Grangemouth au Royaume-Uni et Wesseling en Allemagne, qui pourraient fermer plus tôt que prévu cette année sous la pression d’un surplus d’essence, a ajouté Pavlov.
La raffinerie de Dangote, financée par Aliko Dangote, l’homme le plus riche d’Afrique, a été conçue pour produire jusqu’à 53 millions de litres d’essence par jour, soit environ 300 000 b/j. La réduction des importations en provenance d’Afrique de l’Ouest coïncidera avec de nouvelles réglementations environnementales en Europe, poussant les raffineries à se réorienter vers de nouveaux marchés ou à moderniser leurs installations.
Cependant, la modernisation des raffineries européennes est entravée par la réticence des banques à financer des projets liés aux combustibles fossiles en raison des pressions environnementales croissantes.