La nouvelle Chaire UNESCO sur les ressources naturelles en Afrique et le développement durable a pour mission scientifique de se pencher sur les enjeux du développement durable liés aux activités extractives menées sur le continent africain. L’équipe de recherche issue d’universités
canadiennes et africaines, sous la direction de Armel Brice Adanhounme de l’Université du Québec à Trois-
Rivières (UQTR), travaillera en concertation pour élaborer des solutions axées sur la responsabilité sociale des entreprises dans l’exploitation et la gestion des ressources naturelles.
Dans le contexte géopolitique mondial où l’Afrique, à la croisée des chemins entre la continuité ou la rupture
avec le modèle occidental de développement et leur mise en cause par des alternatives alléchantes des
pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), les expériences québécoises et canadiennes
de gestion des ressources naturelles peuvent paver la voie d’un nouveau départ entre l’Afrique et ses partenaires internationaux.
« La perspective de codéveloppement que nous proposons dans le cadre de notre chaire, en partenariat
avec tous les acteurs de l’industrie et en dialogue avec les chercheurs du Nord et du Sud, nous paraît
comme une option viable pour atteindre les objectifs de développement durable dans le secteur extractif
en Afrique. Nous travaillons à construire ce nouveau pont de recherche et d’action dans la cohésion et
l’équité des rapports Nord-Sud », explique le titulaire de cette nouvelle Chaire UNESCO, le professeur Armel
Brice Adanhounme.
Outre le professeur Adanhounme, initiateur de ce projet, l’équipe est dirigée au Canada par trois autres cotitulaires : le professeur Alidou Ouédraogo de l’Université de Moncton, le professeur Martin Dumas de l’Université Laval et le professeur Alexandre Croutzet de la TÉLUQ. En Afrique, les activités de recherche de la Chaire sont coordonnées par le professeur Kefing Condé de l’Université Sonfonia (Conakry, Guinée), le professeur Adama Traoré de l’Université des sciences sociales et de gestion (Bamako, Mali), la professeur Sokhna Fatou Seck-Sarr de l’Université Gaston-Berger (St-Louis, Sénégal), la professeur Chrysal Kénoukon de l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), la professeure Marie-Thérèse Mbengue de l’Université Catholique de l’Afrique Centrale (Cameroun), et la professeure Blanche Bissè Adoh, de l’Institut Universitaire du Sud à Abidjan, et de l’Université PGC de Korhogo (Côte d’Ivoire).
Cette initiative rassemble donc des universitaires, des acteurs de l’industrie extractive et des organisations
associatives pour proposer une approche pragmatique visant à mettre fin à la « malédiction des ressources
naturelles » qu’on associe ici aux conséquences négatives de la gestion inadéquate des richesses
naturelles en Afrique. « Il est du devoir des universitaires de contribuer à l’éradication de la pauvreté, à la dénonciation des injustices de gouvernance ainsi qu’à la protection de nos ressources naturelles, que ce soit ici ou ailleurs, comme en Afrique. En ce sens, cette nouvelle chaire UNESCO, la deuxième de l’histoire de l’UQTR,
permettra au professeur Adanhoumne et ses précieux partenaires des universités canadiennes et
africaines de contribuer aux efforts de l’UNESCO qui vise à assurer une paix durable et un développement
équitable pour les communautés », souligne Christian Blanchette, recteur de l’UQTR. « Je joins ma voix à celle de mes collègues pour exprimer mon bonheur devant la perspective de développement d’une chaire qui a ceci de singulier qu’elle mise, pour son développement et l’atteinte de sa mission, sur la diversité des expertises, des regards culturels et des alliances institutionnelles. Que la récolte de ses fruits, en Afrique, dépasse la promesse de ses fleurs, au Canada », ajoute Martin Dumas, professeur à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval.
Les axes de recherche
Quatre axes disciplinaires vont éclairer ces enjeux: la socioanthropologie du développement, le droit du développement, l’économie des ressources naturelles, ainsi que la gestion critique des parties prenantes. La méthodologie de recherche intervention favorisera le dialogue entre tous les acteurs impliqués pour créer de nouvelles connaissances et atteindre les objectifs de développement durable. « L’économie des ressources naturelles en Afrique affronte des défis critiques incluant la surexploitation, les conflits et les dommages environnementaux, aggravés par une distribution inéquitable des revenus. En adoptant des pratiques éthiques, les entreprises peuvent promouvoir une utilisation durable des ressources et stimuler le progrès économique et social. L’étude de ces défis et de ces pratiques avec une perspective économique sera un des axes de recherche de la chaire », explique Alexandre Croutzet, professeur à l’École des sciences de l’administration de l’Université TÉLUQ. « Je suis très enthousiaste à l’idée d’accueillir cette prestigieuse chaire UNESCO. Sur le plan personnel, elle comblera un de mes axes de recherche, à savoir le développement durable dans une perspective de copartage d’expériences et de co-construction entre le Canada et l’Afrique. Sur le plan institutionnel, cette chaire viendra, d’une part, consolider et valoriser les expertises des chercheurs de la faculté d’administration, et d’autre part, renforcera la réputation et la qualité de la recherche de notre université », ajoute Alidou Ouedraogo, directeur du Département d’administration de l’Université de Moncton.
Les objectifs
Les objectifs de la Chaire incluent l’association des acteurs locaux à la compréhension de leurs besoins en développement, la création de liens entre les programmes de responsabilité sociale des entreprises et les objectifs de développement durable, et enfin, la transformation des pratiques organisationnelles pour favoriser un partage équitable des retombées des projets de développement en Afrique.
L’approche vise aussi à améliorer les conditions de vie des communautés défavorisées dans une perspective de codéveloppement, et ainsi permettre aux communautés locales d’obtenir leur juste et équitable part. Les entreprises extractives trouveront également leur avantage dans cette approche collaborative en faveur des objectifs de développement durable, puisqu’elle permettra d’aborder franchement les enjeux identitaires, de gestion, de contestation des projets et de localisation, grâce aux éclairages théoriques proposés.