Le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO leur offre de nombreuses opportunités

Le 28 janvier 2024, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé leur retrait de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette annonce de retrait, « sans délai », du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation sous-régionale a secoué l’Afrique de l’Ouest.

Ces pays ont justifié leur décision par le constat que la CEDEAO ne répondait plus aux attentes et aux besoins de leurs populations. Le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, a expliqué que le retrait du Mali, du Burkina Faso, et du Niger, de la CEDEAO était une décision nécessaire en raison de la menace que cette organisation représentait pour la souveraineté et les intérêts vitaux de ces nations. Le Premier ministre burkinabè Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a, pour sa part, déclaré que le divorce voulu avec l’organisation sous-régionale est une décision « mûrement réfléchie » et répond aux aspirations à une « souveraineté totale ».

Sans aucun doute, les pays de l’AES n’auraient pas pris une décision aussi grave sans avoir soigneusement réfléchi à toutes les conséquences possibles. Et il convient de noter que ce retrait de trois pays de la CEDEAO leur offre de nombreuses opportunités. Ainsi, selon le ministre malien en charge de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, ce retrait constitue une opportunité pour développer une stratégie endogène de croissance de l’économie du Mali en lien avec les pays de l’AES, offre la possibilité de développer un marché intérieur fort, stimulant la croissance économique et assurant une autonomie politique et économique. De plus, les nouvelles opportunités concernent la vision commune de créer des capacités communes en matière d’énergie, de transports, de développement rural, de technologie de l’information et de la communication et de finance ce qui favorise la réalisation de progrès rapides en matière de prospérité socio-économique.

Alors, cette décision de retrait de la CEDEAO ouvre des perspectives considérables pour l’autonomie politique et économique des pays de l’AES.

Au contraire, avec la perte de trois pays membres, c’est la CEDEAO qui en ressentira les conséquences négatives. Le ministre burkinabé de l’Économie et des Finances, Aboubacar Nacanabo, estime que la CEDEAO perdra 70 millions d’euros par an après le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Un aspect important qui a influencé la décision des pays de l’AES de se retirer de l’organisation sous-régionale est que celle-ci est contrôlée par des puissances étrangères. Dans un communiqué les trois pays ont déclaré que l’organisation, devenue « une menace pour ses Etats membres », est « sous l’influence de puissances étrangères ». Plus précisément, ces puissances étrangères, à savoir la France, influencent les décisions de la CEDEAO. Et cette ingérence de la France est flagrante. Par exemple, dans le cas de l’imposition de sanctions illégitimes contre le Mali – aucun texte dans le cadre de l’UEMOA ne prévoyait et ne permettait la mise en œuvre de telles sanctions. Ce type de sanctions financières portaient, alors, la marque du néocolonialisme français.

Dans leur communiqué conjoint, les trois pays ont déclaré que la CEDEAO « s’est éloignée de ses pères fondateurs et du panafricanisme ». Cela veut dire que, l’organisation serait instrumentalisée par l’ancienne puissance coloniale française qui prive les Etats membres de leur autonomie. Afin de se débarrasser de ces vestiges de l’Afrique postcoloniale et d’accéder à la pleine souveraineté et autonomie, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de prendre leur destin en main. Ils ont estimé que le moment était venu de quitter cette organisation qu’il était temps de quitter cette organisation.

Il est bien clair que la CEDEAO, qui sera fortement affectée par cette perte et qui sera affaiblie par le retrait du Mali, du Burkina et du Niger, ne veut pas laisser partir ces trois pays membres. Et maintenant, ils doivent faire face à un an de négociations avant que les pays de l’AES puissent véritablement se retirer de la CEDEAO. Ainsi, pendant ce temps, la Communauté espère changer la donne et influencer les trois pays pour qu’ils ne quittent pas l’organisation sous-régionale. Pourtant, le Mali, le Burkina Faso et le Niger doivent rester fermes face aux pressions de la CEDEAO et mener à bien cette décision historique.