Le bras de fer diplomatique entre le régime militaire au pouvoir au Gabon et les autorités angolaises se poursuit. Les tensions entre les deux pays sont nées de la prise du pouvoir au Gabon le 30 septembre dernier par les militaires.
Les premières condamnations étaient venues de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), dont le président en exercice l’Angolais Gilberto da Piedade Verissimo, avait condamné le coup d’État au Gabon, incitant les États membres à délocaliser le siège de l’organisation communautaire de Libreville à Malabo.
Depuis, le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema tente d’obtenir la levée des sanctions de la CEEAC prises a l’encontre de son pays. Oligui Nguema a fait le tour des capitales des pays membres de l’organisation, sauf Luanda.
Il a rendu visite au président équato-guinéen en premier, après sa prise de pouvoir. Puis il a rencontré, un par un, tous les chefs d’États de la CEEAC, à l’exception de l’Angolais João Lourenço.
Le portrait d’Oligui Nguema
Le 10 novembre dernier, alors que l’ancienne colonie portugaise fêtait le 48ème anniversaire de son accession à l’indépendance, Libreville ne s’était pas fait représenter.
Les autorités gabonaises fustigent, depuis, l’attitude de l’ambassadeur angolais au Gabon qui a refusé d’afficher au sein de la représentation diplomatique le portrait d’Oligui Nguema aux côtés de celui de João Lourenço.
“Cette attitude est totalement à l’opposé des relations qui lient nos deux pays. L’Angola mène une campagne injuste contre un pays ami”, fustige Wilson Kassa, diplomate gabonais en poste en Éthiopie joint par TRT Afrika.
Le président angolais a décidé de rebattre les cartes diplomatiques et d’amorcer un véritable virage. João Lourenço multiplie les interlocuteurs sur la scène internationale et fait montre d’une ouverture bien plus grande que son prédécesseur.
“Luanda travaille pour laver son image sur la scène internationale et ne veut pas se salir les mains en soutenant les autorités militaires qui ont pris le pouvoir par la force”, croit savoir Philippe Corsan, ancien diplomate français à Libreville.
La présidence gabonaise a toujours soutenu que les efforts entrepris par le président de la Transition en faveur de son pays visent à expliquer les circonstances du putsch qu’il désigne par un “coup de la libération” du pays.
“Si un mariage ne marche plus, on divorce”, résume Saturnin Adimangoye, haut fonctionnaire à la présidence gabonaise.
Douche froide au sommet de Djibolho à Malabo
Au lendemain du coup d’Etat du 30 septembre, le pays a été suspendu de la CEEAC qui avait ensuite prononcé une série de sanctions contre le Gabon.
Ces restrictions sont notamment la suspension des transactions financières et commerciales entre l’organisation et le Gabon.
Libreville s’est depuis lancé dans une stratégie toute simple : mobiliser les ressources propres pour continuer à payer les salaires, les bourses d’études et assurer d’autres charges.
En trois mois, les autorités gabonaises ont annoncé plus de 40 milliards de FCFA de recettes douanières et 126 milliards FCFA de recettes fiscales. Le pays table sur un budget de plus de 4 mille milliards FCFA pour l’année 2024.
Un budget record que le régime militaire utilise comme un argument financier pour essayer de convaincre ses pairs de la CEEAC de lever les sanctions contre le pays lors du sommet extraordinaire de Djibolho en Guinée Équatoriale.
Depuis le coup d’Etat du 30 septembre, le président centrafricain, Fausti- Archange Touadéra, désigné par la CEEAC facilitateur de la situation gabonaise avait multiplié les rencontres avec les autorités de Libreville pour faciliter les discussions entre le Gabon et l’organisation.
Seule victoire obtenue par le régime militaire après le sommet de Djibolho : le maintien du siège de l’instance dans la capitale gabonaise. En réponse aux autorités de Luanda, Libreville a décidé de rappeler son ambassadeur en Angola pour consultations, a appris TRT Afrika au ministère des affaires étrangères.
“Ce n’est plus exclu que le Gabon prenne d’autres mesures encore plus fortes telles que l’expulsion de l’ambassadeur angolais”, prévient M. Bikalou.
TRT Afrika a essayé de joindre les diplomates angolaises en poste à Libreville sans succès.