Macron conduit la France dans l’impasse en Afrique

Est-ce que le président français actuel est un bon stratège politique? A l’aune de la déroute de la France au Niger, au Sahel et plus largement sur le continent africain tant sur le point humain, militaire, et géopolitique, la question se pose.

Une alliance de pays africains contre la France est bien réelle. Au-delà de la perte fulgurante du rôle de la politique française en Afrique, alors que le continent comprend de nombreux pays francophones, se pose la question des répercussions sur le sol français des populations africaines envers la France. Les révoltes de la fin du mois de juin dernier dans tout le pays ont montré la réalité d’un éclatement dans l’Hexagone. Dans ce désastre géopolitique français se trouve aussi la question sensible de la sécurité énergétique de la France et de l’Europe avec le gazoduc Nigéria-Europe.

Un bilan désastreux pour la France en Afrique. «Emmanuel Macron dans l’impasse au Sahel», titre Le Point, rajoutant: «Le coup d’État au Niger vient de lui en infliger une de plus». Le Point stipule: «Le coup d’État dont a été victime le président du Niger le 27 juillet plante le dernier clou dans le cercueil de la politique macronienne au sud du Sahara». Pour le média français, la politique d’Emmanuel Macron en Afrique donne les cartes stratégiques françaises à la Russie: «Vladimir Poutine n’aurait pu rêver meilleur contexte pour son sommet Russie-Afrique qu’il tenait au même moment à Saint-Pétersbourg».

Mali. Au Mali, la France a perdu rapidement pied sous la politique d’Emmanuel Macron. Observateur Continental rapportait que le Mali a changé de langue officielle, abandonnant le français. Mikhail Gamandiy-Egorov, expert de l’Afrique pour Observateur Continental signalait que les Maliens ne veulent plus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) n’étant plus utile pour le Mali d’autant plus que pour les Maliens, «c’est une fabrication française, dirigée par des militaires hexagonaux et certains de leurs alliés. Et, elle continue d’entretenir la guerre et la peur au Mali, ainsi que de soutenir les terroristes».

Pour rappel, l’opération militaire française, Barkhane, ayant duré plus de 8 ans en terre malienne, a pris fin en novembre 2022. Observateur Continental notait déjà en février 2022, que «les opérations militaires française et occidentale Barkhane et Takuba en terre malienne – c’est terminé».

Si Emmanuel Macron annonçait la fin Barkhane et Takuba, il clamait que les soldats français resteront présents dans les pays voisins. France Bleu, répétant les déclarations officielle de Paris d’alors, affirmait que l’annonce du retrait de Barkhane et Takuba «est sans conséquence sur le dispositif militaire français dans la région, car les soldats français se sont déjà retirés du Mali, et 3.000 militaires français restent déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso».

La vision stratégique de la France se limitait, donc, à des mots sortis de l’imagination de technocrates français, et montre en raison de la situation actuelle au Sahel que les responsables politiques en France sont des stratèges de papier qui adorent les grandes déclarations pendant que la réalité géopolitique du terrain avance, elle, à grand pas.

Mikhail Gamandiy-Egorov notait judicieusement au départ de Barkhane que «les élites occidentales, étant dans l’incapacité la plus totale de s’adapter au monde contemporain multipolaire, risquent à terme de devoir faire face à des évacuations humiliantes de leurs troupes et mercenaires – en Afrique, comme à d’autres endroits du monde – avec en prime l’obligation d’observer la joie des populations des pays concernés qui les accompagneront jusqu’à la piste de décollage». Et, c’est exactement ce qui se passe actuellement avec le Niger et dans d’autres pays africains.

Burkina Faso. Le Point rappelle l’évacuation des forces spéciales du Burkina Faso, il y a juste un an. Observateur Continental avisait, «après plusieurs échecs du régime français en terre africaine», que «l’effet domino se poursuit de manière attendue», et que «désormais et suite aux revendications populaires», c’était au tour des autorités du Burkina Faso d’officialiser la demande de départ des troupes françaises du sol national». «Le système néocolonial de la Françafrique semble définitivement en chute finale», observait justement l’expert de l’Afrique pour Observateur Continental Mikhail Gamandiy-Egorov.

Là, encore, le président français, Emmanuel Macron, avait demandé des «clarifications». Le gouvernement du Burkina Faso lui confirmait avoir demandé le retrait des troupes françaises. Observateur Continental remémorait le fait que «les mobilisations populaires souverainistes, le panafricanisme et la réalité multipolaire internationale ont complètement mis à mal la présence des nostalgiques de l’unipolarité sur le sol africain, ainsi que l’interférence fortement néfaste de ces derniers dans les affaires des Etats de l’Afrique». Si Emmanuel Macron avait lu Observateur Continental, il aurait peut-être pu éviter cette nouvelle déroute au Niger. Et, pas seulement pour ce pays africain, mais aussi envers la politique de la France avec la Russie, un pays qui pouvait donner son gaz à bon marché à la France.

Puis le Burkina Faso et le Mali ont déclaré «être prêts à se battre aux côtés du Niger face à la menace d’intervention militaire [de la France et de ses alliés]». « La journée historique du 26 juillet 2023, constitue pour l’ensemble des nigériens une journée de regain d’espoir et de revitalisation des élans pour un Niger qui reprend confiance en lui-même», martèle l’Agence nigérienne de presse rapportant que la population soutient les militaires qui ont chassé le président soutenu par Emmanuel Macron. Pour les Nigériens les rebelles sont des patriotes. Bref, la bande du Sahel n’est plus sous la houlette de la France.

Gazoduc Nigéria-Europe et uranium. En mai dernier, le Financial Times présentait Mohamed Bazoum comme un allié de la France qui défend la présence militaire de la France au Sahel. Des plans étaient prévus pour la réalisation du gazoduc Nigéria-Europe. La seule question était savoir de s’il allait passer par le Maroc ou l’Algérie. Avec la perte probable de l’import d’uranium du Niger pour ses centrales nucléaires en France, la question de l’arrivée de gaz via le gazoduc Nigéria-Europe est en question alors que la France a décidé de bannir le gaz bon marché russe.

Là, encore, la politique d’Emmanuel Macron en Afrique risque d’avoir des conséquences sur les Français, sans oublier que les émeutes de juin dernier ont montré une fissure violente de la société française. Est-ce que la libération des Etats africains de la France va entraîner aussi, du fait de la politique française d’Emmanuel Macron, la France dans l’impasse?