Mali : le port d’uniformes militaires interdit aux civils

- A partir du 15 mai 2023, des mesures de recherche et de retrait systématique des équipements s’appliqueront selon l’état-major général des Armées

L’état-major général des armées a exhorté les Maliens à s’abstenir de porter les tenues militaires, affirmant que toute personne s’habillant en tenue militaire, de quelque nature, motifs ou couleur, sans être un membre régulier des Forces de défense et de Sécurité, contribue à semer la confusion, à brouiller la distinction entre combattants et civils.

Cette décision fait suite au constat que des nombreux combattants neutralisés lors de l’attaque complexe déjouée contre l’aéroport de Sévaré, le samedi 22 avril 2023, portaient des uniformes militaires lit-on dans un communiqué rendu public lundi et consulté par Anadolu.

L’état-major général affirme avoir tiré « les leçons de cette tentative ainsi que celles d’autres attaques antérieures, au Mali comme ailleurs, au cours desquelles les assaillants utilisent la perfide pour tromper la vigilance des forces légitimes afin de commettre des actes barbares contre les paisibles populations, sans aucune considération pour les règles les plus élémentaires du Droit International Humanitaire ».

Il a en outre attiré l’attention de l’opinion sur le danger que représente pour la sécurité publique, le port non réglementé des tenues militaires.

En conséquence, l’état-major général des Armées, invite les civils à s’abstenir de porter les tenues sans autorisation, étant entendu que des dispositions seront prises pour rechercher et lutter contre le port irrégulier d’uniformes.

A noter que ces tenues militaires sont vendues au marché à des prix variables entre 3 000 à 12 000 francs CFA (5,05 à 16,82 dollars) selon le style et la qualité.

Mamadou Fofana, vendeur des tenues militaires au marché de Médine, explique que « ces tenues ne sont pas chères, elles sont cédées à des prix entre 3000 et 9000, voire 12000 francs CFA, d’où leur accès facile ».

Pourtant le port de tenue militaire par des civils est interdit par la loi, indique le colonel Amadou Diallo, directeur de la police militaire.

« La tenue, en réalité, est réservée uniquement aux individus servant sous le drapeau, en sommes les Forces de défense, forces de sécurité et forces paramilitaires et même là quand tu pars à la retraite, tu n’as plus le droit de porter la tenue. Ça peut ternir l’image de notre armée, tu peux être puni à une amende de 25 000 à 50 0000 francs CFA soit ( 42,05 à 84,5 dollars), mais aussi tu peux être puni à 2 ans d’emprisonnement donc c’est puni par la loi », a fait savoir le colonel Amadou Diallo.

De son côté, Aly Tounkara spécialiste des questions sécuritaires, directeur exécutif du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S) souligne que « la tenue militaire, jusqu’à une période récente, on pouvait l’acquérir au même titre que les autres articles qu’on trouve sur le marché. Les seules contraintes étaient relatives de ne pas les porter avec grade, avec les signes de l’armée. Certains les faisaient coudre comme bon leur semble ».

« Mais avec ce communiqué, une telle possibilité de s’en acheter devient de plus en plus compliquée même si les stocks qui se trouvent entre les mains des commerçants si l’État ne prend des mesures, ces commerçants vont être amenés à continuer à vendre ces mêmes tenues militaires à des civils en dépit du communiqué ».

L’état-major général des Armées précise, par ailleurs, qu’ à partir du 15 mai 2023, des mesures de recherche et de retrait systématique des équipements s’appliqueront.

Pour rappel, l’attaque kamikaze du 22 avril 2023 visant la zone aéroportuaire de Sévaré avait fait état de 10 morts et 61 blessés civils contre 32 ”terroristes” et d’interpeller 9 autres.

L’état-major général des armées a également déploré l’usage des enfants soldats précisant que dix (10) enfants, âgés de 10 à 16 ans, constituaient une frange importante des combattants des groupes armés terroristes.

Anadolu Agency