Pipeline Tchad-Cameroun : le PCA de Cotco rejette le report du conseil d’administration sollicité par N’Djamena

Une session du Conseil d’administration de la Cameroon Oil Transportation Company (Cotco), probablement suivie d’une assemblée générale des actionnaires, devrait en principe se tenir le 25 avril 2022. Ceci, malgré le report demandé par le ministre tchadien des Hydrocarbures et de l’Énergie au président du conseil d’administration (PCA) de cette entreprise chargée de la gestion de la partie camerounaise de l’oléoduc Tchad-Cameroun, infrastructure qui permet d’exporter le pétrole tchadien. C’est du moins ce que révèle la tonalité d’une correspondance adressée le 20 avril 2023 à ce membre du gouvernement tchadien par Roger Schaeffer.

« (…) Nous avons l’honneur de porter à votre attention que cette session du Conseil d’administration a été convoquée afin de discuter des sujets de grande importance pour la société, dont la clôture des comptes de l’exercice 2022 qui est une exigence règlementaire à laquelle elle ne saurait se soustraire. (…) L’exercice 2022 étant clos depuis le 31 décembre 2022, nous sommes aujourd’hui dans le délai limite au-delà duquel la société Cotco serait en violation de la loi. Eu égard à ce qui précède, il ne nous est pas possible de reporter la tenue de ce conseil d’administration. Vous voudrez bien noter que la loi et les statuts vous permettent, en cas d’indisponibilité, de donner pouvoir à un autre administrateur qui pourrait vous représenter », répond le PCA de Cotco au ministre tchadien.

Cette dispute autour de la tenue du Conseil d’administration de Cotco est l’une des matérialisations du refroidissement de la collaboration entre le Cameroun et le Tchad autour de la gestion du pipeline Tchad-Cameroun. Au cœur des tensions entre les deux pays de la Cemac, se trouvent les actifs récemment cédés aussi bien dans les champs pétroliers tchadiens que sur le pipeline Tchad-Cameroun par ExxonMobil, à la junior pétrolière britannique Savannah Energy. Cette transaction est contestée par l’État tchadien, qui a dans la foulée nationalisé tous les actifs querellés situés sur son territoire. Cette nationalisation est à son tour contestée par Savannah Energy devant la Chambre de commerce internationale (CCI) à Paris.

C’est dans ce contexte que le Cameroun, lui, à travers la Société nationale des hydrocarbures (SNH), a signé le 20 avril 2023 avec Savannah Energy, un accord de 44,9 millions de dollars US (environ 26,7 milliards de FCFA) pour le rachat de 10% des parts récemment acquis dans Cotco. C’est qui est une reconnaissance implicite de l’appartenance à la junior britannique des actifs pourtant réputés nationalisés par l’État tchadien.

Suite à ce deal, la réaction tchadienne ne s’est pas fait attendre. Le même 20 avril 2023 au soir, le Tchad a rappelé son ambassadeur au Cameroun pour consultation, révélant ainsi au grand public l’existence de tensions entre les deux pays. Dans le communiqué rendu public à cet effet, la présidence tchadienne affirme que « derrière cette société (Savannah Energy, NDLR) gravitaient de nombreuses personnalités camerounaises et d’autres pays africains ». De même, N’Djamena dénonce les « agissements inamicaux et contraires aux intérêts du Tchad, posés » par les représentants camerounais au sein des conseils d’administration de Cotco.

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