Le président tunisien Kaïs Saïed a déclaré que son pays « refuse toute ingérence dans ses affaires internes car il n’est ni sous tutelle, ni placé sous protectorat ».
C’est ce qui ressort de son allocution, prononcée lundi, lors de sa visite dans la ville de Kairouan (centre), selon un extrait vidéo publié par la présidence de la République tunisienne sur ses réseaux sociaux.
« Nous préserverons notre souveraineté nationale et nous rejetons à nouveau toute ingérence de quiconque dans nos affaires, car nous ne sommes pas sous tutelle, ni placés sous protectorat », a déclaré Saïed.
Et le chef de l’État d’ajouter : « Nous ne cèderons notre souveraineté à personne. Les Tunisiens ont été emprisonnés dans les geôles (de l’occupation française, ndlr) et ont sacrifié leur liberté pour que la Tunisie soit libre et indépendante ».
Les déclarations de Saïed interviennent quelques jours après un communiqué publié par le Parlement européen dans lequel il s’est dit « profondément préoccupé par la dérive autoritaire du président tunisien Kaïs Saïed et son instrumentalisation de la situation socio-économique désastreuse de la Tunisie pour renverser la transition démocratique historique du pays ».
Le Parlement européen avait exhorté les autorités tunisiennes « à libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris les journalistes, les magistrats, les avocats, les militants politiques et les syndicalistes, et de respecter la liberté d’expression et d’association et les droits des travailleurs, conformément à la Constitution tunisienne et aux traités internationaux » et appelé à la fin de ce qu’il décrit comme étant « la répression en cours contre la société civile dans le pays ».
Dans son allocution, Saïed a souligné : « Aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de l’indépendance de la Tunisie et j’ai choisi d’être aujourd’hui, dans la Cité aghlabide de Kairouan parce que le mouvement de libération nationale s’est déclenché à la suite d’une réunion des chefs des tribus dans l’enceinte de la mosquée Okba Ibn Nafaa ».
La Tunisie a célébré lundi 20 mars, le 67e anniversaire de son indépendance (colonisation française 1881-1956).
Et Saïed d’ajouter : « La Tunisie est aujourd’hui le théâtre d’une guerre de libération nationale contre la corruption (…), pour frapper d’une main de fer les corrompus ».
« Nous disons à tous les Tunisiens que nous ne cèderons pas notre souveraineté, nous ne perdrons pas notre dignité, nous travaillerons pour répondre aux revendications de notre peuple et nous continuerons à mener la guerre contre les corrompus et les conspirateurs ».
Les autorités tunisiennes procèdent depuis le 11 février 2023, à une vague d’arrestations de personnalités de renom, dont des dirigeants de partis, des journalistes, des magistrats, un homme d’affaires influent, des avocats, des militants politiques, et des syndicalistes.
Le 14 février dernier, Saïed, a accusé certains des prévenus d’être impliqués dans un complot contre la sûreté de l’Etat, les tenant, en outre, pour responsables de la pénurie des produits de base et de la flambée des prix.
À maintes reprises Saïed a insisté sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, mais l’opposition l’accuse d’instrumentaliser la justice pour traquer ceux qui rejettent les mesures d’exception qu’il avait déclarées dès le 25 juillet 2021.
Anadolu Agency