La Commission de l’Union africaine (UA) a « fermement » condamné, par l’entremise de son président, Moussa Faki Mahamat, les « déclarations raciales choquantes » du président tunisien, Kaïs Saïed, à l’encontre des « compatriotes africains ».
C’est ce qui ressort d’un communiqué mis en ligne, vendredi, par la Commission sur son site.
Ces déclarations ont été qualifiées par Moussa Faki Mahamat comme allant « à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre Organisation (UA) et de nos principes fondateurs ».
Selon le communiqué, le Représentant Permanent de la Tunisie accrédité auprès de l’Union Africaine a été reçu par la Vice-Présidente de la Commission, Monique Nsanzabaganwa, qui lui a exprimé les « vives préoccupations de l’Union africaine quant à la forme et le fond de la déclaration ciblant des compatriotes africains, nonobstant leur statut légal dans le pays ».
Le président de la Commission a tenu à rappeler aux États membres de l’Union africaine, qu’ils « doivent honorer les obligations qui leur incombent en vertu du Droit International et des instruments pertinents de l’Union Africaine, à savoir traiter tous les migrants avec dignité, d’où qu’ils viennent, s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes, et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux ».
En conclusion, la Commission a relevé « l’engagement » de l’UA à « soutenir les autorités Tunisiennes en vue de la résolution des problèmes de migration afin de rendre la migration sûre, digne et régulière ».
De son côté, le nouveau ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar, (en poste depuis seulement le 7 février courant), a fait part de son « étonnement de voir ce qui a été publié » à ce sujet, s’interrogeant concernant les discours racistes et haineux : « pourquoi ce discours-là, quand il est tenu par d’autres pays que la Tunisie, personne ne le conteste, personne ne le critique ? ».
Dans une déclaration faite, samedi, à Radio France internationale, le ministre a relevé que « les propos du président Kaïs Saïed n’ont rien d’injustifié et d’anormal, n’ont rien d’un discours haineux ».
Nabil Ammar a estimé qu’il y a « une manipulation multiple » dans cette affaire.
« Il y a beaucoup de gens qui font leur beurre avec ça, y compris la presse. Alors ça peut être des individus, des groupes de pression, des groupes mafieux, mais tout ce beau monde est dérangé par le fait qu’il faut mettre fin à leur commerce macabre », a-t-il lancé, ajoutant que « les victimes finales, ce sont les migrants ».
Lors de la tenue d’un Conseil national de la sécurité, mardi, Kaïs Saïed a évoqué des « masses incontrôlées et des hordes de migrants clandestins » en provenance du Sud avec comme objectif de « transformer la composition ethnique de la Tunisie ».
Cette attitude a provoqué un tollé en Tunisie dans les rangs de la société civile et de larges franges de la population ainsi que des réactions de certaines chancelleries africaines établies en Tunisie et de l’Union africaine.
Anadolu Agency