Les autorités tchadiennes ont donné leur accord pour une enquête internationale sur les manifestations sanglantes qui ont fait plus de 50 morts le 20 octobre dernier, a-t-on appris, lundi, du gouvernement tchadien.
« Le Gouvernement du Tchad accepte une enquête internationale sur les événements du 20 octobre »,, a annoncé dans un tweet, lundi 7 novembre, Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement de la République du Tchad.
Dans un entretien, dimanche soir, à la télévision nationale, Télé Tchad, le Premier ministre Saleh Kebzabo a aussi annoncé que le Tchad était prêt à recevoir une mission d’enquête internationale sur les événements meurtriers du 20 octobre.
Vendredi, l’ONU a relevé dans un communiqué que l’examen du rapport du Tchad devant le Comité contre la torture entre mercredi et jeudi 3 novembre, a été « largement dominé par la répression violente des manifestations du 20 octobre dans plusieurs villes » de ce pays d’Afrique centrale.
« L’actualité des derniers jours nous a poussé à bouleverser l’ordre de nos questions pour nous focaliser sur les événements du 20 octobre dernier », a déclaré d’emblée Sébastien Touzé, l’un des deux rapporteurs du Comité contre la torture sur le rapport de N’Djaména. Ce dernier a ainsi fait part de la vive inquiétude du Comité face à ces événements sanglants.
L’expert indépendant a ensuite égrené des chiffres « particulièrement édifiants » recueillis dans différents rapports sur ce drame : entre 50 et 150 personnes auraient été tuées, de 150 à 184 personnes auraient disparu, environ 1369 auraient été arrêtées et de 600 à 1 100 personnes auraient été « déportées dans la prison de haute sécurité de Koro Toro » au nord du Tchad.
« Les violences les plus brutales à ce jour se sont produites le 20 octobre 2022 – fin de la période de 18 mois initialement prévue avant la remise du pouvoir à un gouvernement civil par le Conseil militaire de transition », a relevé Todd Buchwald, co-rapporteur du Comité pour l’examen du rapport du Tchad, relevant qu’« une déclaration très ferme déplorant cette violence » avait été faite par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Face à ce sombre tableau et des questions des experts de l’ONU, la délégation tchadienne a rappelé que des commissions d’enquête judiciaires ont été créées dans les quatre villes où des violences ont été commises.
« Les actes de manifestants, mais aussi de membres des forces de l’ordre, seront examinés », a assuré la délégation tchadienne.
« D’une manière générale, l’État répondra aux accusations concernant les agissements de la police avec les éléments dont il dispose, et compte tenu du fait que des enquêtes sont en cours », ont souligné, jeudi, les experts.
Ahmad Makaïla, ambassadeur du Tchad à Genève, a indiqué que « les manifestations n’avaient rien eu de pacifique ».
Pour le gouvernement, ces événements sont le fait de plusieurs groupes de militants violents, organisés et coordonnés, et munis d’armes blanches, qui se sont délibérément attaqué, de nuit, à des symboles de l’État. Leurs organisateurs avaient appelé publiquement à la « rupture » et à la mise en place d’un nouveau gouvernement.
Jeudi 20 octobre, en dépit de l’interdiction de manifester décrétée la veille par le gouvernement, des milliers des Tchadiens ont répondu à l’appel à la mobilisation lancé par Wakit Tama, une coalition d’organisations de la société civile et par plusieurs partis politiques.
Selon un bilan provisoire communiqué au soir du 20 octobre par le gouvernement, au moins une cinquantaine de personnes ont été tuées et plus de 300 autres blessées lors de ces protestations dans plusieurs villes du pays, à l’appel de l’opposition.
Anadolu Agency