Le président russe a prôné une refonte de l’architecture monétaire mondiale, critiquant l’utilisation d’un dollar dominant à des fins géopolitiques.
Il a dressé les contours d’un dispositif «dépolitisé et basé sur les systèmes monétaires nationaux». Lors de la séance plénière du forum international annuel du club de discussion Valdaï, le 27 octobre, Vladimir Poutine a longuement abordé des thématiques de sécurité internationale, mais s’est aussi exprimé sur l’économie. Il a notamment défendu la création d’un nouveau système monétaire global, qui serait à la fois «supranational, dépolitisé et basé sur les systèmes monétaires nationaux», ce qui permettrait d’assurer les échanges et règlements entre pays.
Le président russe a rappelé que le système actuel, dit de Bretton Woods, avait été mis en place par les Etats-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale et organisé autour du dollar, tout en créant notamment le Fonds monétaire international pour s’assurer de la stabilité monétaire et gérer les crises. Ces institutions sont «sous leur contrôle», a insisté le président russe, qui a jugé que les Américains commettaient une «grande erreur» en se servant du dollar «comme d’une arme pour défendre leurs intérêts géopolitiques». D’après lui, cette politique «sape la confiance» dans le billet vert et empêche le développement souverain des Etats.
Il a ainsi mis en avant le fait que les règlements dans d’autres devises, telles que le rouble ou le yuan, avaient augmenté récemment. «Ce processus ne va faire que se développer», a assuré le chef d’Etat. De fait, une tendance à un effacement progressif de la part du dollar dans les échanges bilatéraux a été observée, celle-ci étant passée de 97,1% en 2014 à 45,7% au début de l’année 2019. Les déclarations du président russe rejoignent les préoccupations exprimées par le groupe des BRICS, qui comptent, outre la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ces pays plaident en faveur d’une refondation des organisations internationales, qu’il s’agisse du Conseil de sécurité de l’ONU ou des organisations financières de Bretton Woods (FMI, Banque mondiale), afin de permettre l’émergence d’autres puissances. Peu après le déclenchement du conflit en Ukraine, le FMI s’était inquiété en mars du risque d’une «modification fondamentale» de l’ordre économique international, «si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises».
RT France