Placées sous l’égide de l’Union africaine (UA), ces discussions interviennent après une reprise des combats fin août, au terme de cinq mois d’une fragile trêve. Reprise qui avait alarmé la communauté internationale, inquiète des conséquences humanitaires du conflit.
“Les pourparlers de paix qui ont été organisés pour trouver une solution pacifique et durable au conflit dévastateur dans la région du Tigré ont commencé aujourd’hui 25 octobre et se termineront le 30 octobre”, a déclaré lors d’une conférence de presse le porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, Vincent Magwenya.
Rebelles tigréens et armée fédérale – appuyée par les forces de régions éthiopiennes voisines et de l’armée de l’Erythrée, pays frontalier du Tigré – s’affrontent depuis novembre 2020 dans un conflit meurtrier qui a plongé le nord de l’Ethiopie dans une profonde crise humanitaire.
Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août. Les forces éthiopiennes et érythréennes ont annoncé le 18 octobre s’être emparées de Shire, une des principales villes du Tigré.
La communauté internationale s’est alarmée de cette récente intensification des combats.
Une équipe de négociateurs tigréens était arrivée dimanche en Afrique du Sud, avait annoncé sur Twitter un porte-parole des autorités de cette région dissidente, Kindeya Gebrehiwot, en rappelant les demandes rebelles de “cessation immédiate des hostilités, accès humanitaire sans entraves et retrait des forces érythréennes”.
La délégation du gouvernement fédéral avait pour sa part quitté Addis Abeba lundi matin. Les autorités avaient affirmé que ces discussions étaient “une occasion de résoudre pacifiquement le conflit et de consolider l’amélioration de la situation sur le terrain”.
Exempt de conflit
Ces discussions “sont en ligne avec les objectifs de la politique étrangère de l’Afrique du Sud visant un continent en sécurité et exempt de conflit”, a affirmé Vincent Magwenya.
L’équipe panafricaine de médiation comprend notamment le haut représentant de l’UA pour la Corne de l’Afrique, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta et l’ancienne vice-présidente sud-africaine Phumzile Mlambo-Ngcuka, a-t-il souligné.
Jeudi, le Premier ministre Abiy Ahmed a assuré que la guerre allait “se terminer et la paix l’emporter”.
“Nous n’allons pas continuer à nous battre indéfiniment”, avait-il affirmé, sans toutefois évoquer les pourparlers prévus et alors que les forces progouvernementales ont récemment accentué leur offensive au Tigré.
“L’armée tigréenne a les capacités de vaincre nos ennemis”, a écrit lundi dans un communiqué le chef des autorités rebelles du Tigré, Debretsion Gebremichael, affirmant que les “forces ennemies conjointes qui sont entrées dans le Tigré seront enterrées”.
De précédentes discussions, convoquées début octobre en Afrique du Sud, avaient fait long feu avant même de commencer, sur fond de problèmes d’organisation.
Le bilan exact de ce conflit, qui se déroule largement à huis clos, les journalistes n’ayant pas accès à la région, est inconnu.
L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé vendredi que “l’ampleur des combats et des morts rivalise avec ce que nous voyons en Ukraine“.
Selon elle, “en deux ans de conflit jusqu’à un demi-million de personnes sont mortes”.
La guerre a été jalonnée d’accusations d’exactions et de massacres de civils commis par les deux camps.
Le conflit a également déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
La reprise des combats ces derniers mois a interrompu l’acheminement de nourriture et de médicaments dans cette région de six millions d’habitants, également privée de services essentiels comme l’électricité, le carburant et les télécommunications.
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