Une semaine après avoir été désigné à l’unanimité lors des assises nationales, président de la transition burkinabè suite au coup d’Etat du 30 septembre dernier, contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a prêté serment ce vendredi, devant le Conseil constitutionnel du Burkina Faso.
“Je jure devant le Peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, la Charte de la transition et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso”, a déclaré Traoré.
Il a, ensuite, été installé dans ses fonctions par les juges du Conseil constitutionnel qui l’ont invité à déposer la liste de ses biens, dont la copie sera transmise à la commission de lutte contre la corruption.
Le président par intérim du Conseil constitutionnel Boureima Cissé, a déclaré que le conseil a pris acte du serment de Traoré et l’a renvoyé à l’exercice de ses fonctions.
Dans son discours, le capitaine Ibrahim Traoré est revenu sur les raisons du coup d’Etat du 30 septembre expliquant que “le contexte dans lequel est notre nation est assez difficile à décrire. L’existence de la nation est en péril”, a-t-il dit précisant que le pays est plongé dans une “crise sécuritaire et humanitaire sans précèdent”.
“Les objectifs de notre mission ne sont autres que la reconquête du territoire et de donner un nouveau souffle de vie aux populations”, a-t-il fait savoir assurant que le Burkina Faso tiendra ses engagements devant tous ses partenaires et ses amis.
“Aucun sacrifice ne sera de trop. Notre engagement c’est un retour de la paix et notre boussole sera le peuple. J’appelle à une mobilisation populaire à s’unir, à s’engager pour une lutte contre le terrorisme qui ne fait que déchirer le tissue social de notre vivre ensemble et nous empêche de vivre”, a lancé Traoré.
“Je serai engagé aux côtés de tous les Burkinabè pour la libération totale du Burkina Faso. Je me battrai jusqu’au dernier souffle. Le Burkina Faso a des hommes capables. Nous pouvons gagner cette guerre. Nous avons des combattants”, a répété Traoré.
Le Président par intérim du Conseil Constitutionnel Boureima Cissé a pour sa part appelé le capitaine Traoré à relever les défis liés à l’insécurité.
– Obligation de résultat-
“C’est vous qui devez travailler à sortir le Burkina Faso de cette situation. Il vous faudra très vite libérer le pays des mains du terrorisme et travailler au retour des déplacés internes et le retour à l’ordre constitutionnel (…) Vous avez une obligation de résultats. Il ne suffit pas de prendre le pouvoir, encore faut-il l’assumer pleinement et faire en sorte que le peuple vous soit reconnaissant à la fin de la transition”, a-t-il insisté.
La situation sécuritaire est marquée par des attaques terroristes depuis 2015 dans plusieurs régions du Burkina Faso.
Ces attaques ont fait de nombreuses victimes et des milliers de déplacés internes, alors que plus de 40% du territoire échappe au contrôle de l’Etat, selon les chiffres officiels.
La dégradation continue de la situation sécuritaire avait motivé le coup d’Etat mené par un groupe de militaires conduit par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba contre le président Roch Marc Christian Kaboré.
Le 30 septembre dernier, Damiba, soit huit mois après, a été à son tour renversé par un groupe de militaires dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré qui a été par la suite choisi pour diriger officiellement le pays depuis le vendredi 14 octobre courant, à l’issue d’assises nationales.
Le capitaine Traoré et ses hommes avaient expliqué la destitution de Damiba par les choix “hasardeux” de ce dernier, qui “ont progressivement” affaibli le système sécuritaire du Burkina Faso en proie aux attaques terroristes.
Âgé de 34 ans, Traoré qui est membre du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, le regroupement de militaires qui avaient renversé Kaboré) conduit une transition politique de 21 mois, à compter du 02 octobre, selon la charte de la transition qui précuse que le capitaine n’est pas éligible à l’élection présidentielle qui sera organisée en 2024.
Anadolu Agency