Tchad: l’opposition largement déçue du dialogue national qui touche à sa fin

Le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby (C) à l'occasion de la cérémonie d'ouverture du dialogue, à N'Djamena, au Tchad, le 20 août 2022. AFP - AURELIE BAZZARA-KIBANGULA

L’heure est au bilan après la fin des débats au dialogue national inclusif et souverain mercredi à Ndjamena, un peu à la surprise générale. Ces assises devaient, en effet, être clôturés ce jeudi avec l’adoption du rapport général de ces assises. À l’issue du dialogue, le président du Conseil militaire de transition devient le prochain président d’une transition de deux ans maximum. Et il pourra se présenter à la première présidentielle post-transition, malgré le veto de l’Union africaine.

Mahamat Idriss Deby Itno va concentrer, de l’avis de spécialistes et de l’opposition, tous les pouvoirs entre ses mains avec la suppression du Conseil militaire de transition. Il aura aussi le droit qui lui est accordé de nommer ou démettre le Premier ministre, selon son bon vouloir. Enfin, il aura le droit de briguer la présidentielle à la première élection post-transition. Une décision qui clive énormément la société tchadienne et qui a été rejeté par le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine qui exige qu’aucun membre du CMT ne puisse se présenter aux prochaines élections.

Et à ce stade, le MPS et ses partisans jubilent, alors que les oppositions, que ce soit les partis politiques ou la société civile, parlent de douche froide. Le MPS, l’ancien parti du président défunt Idriss Deby Itno, accusé d’avoir gardé toute son influence dans cette période, ne cache pas sa satisfaction. « Le résultat va au-delà de nos espérances », s’est réjoui son porte-parole, Jean-Bernard Padaré, qui assure que ce rendez-vous a permis de mettre sur les rails la refondation du Tchad. Il en est de même pour les nombreux soutiens de Mahalat Idriss Deby Itno, très nombreux dans le Dialogue, comme l’a constaté RFI.

« Une mascarade » pour l’opposition

Ça n’est pas le cas pour les opposants qui dénoncent « une mascarade organisée pour légitimer une succession héréditaire du pouvoir ». Tatorbé Tamaïdjé, du parti Mojes parle d’« un débat escamoté » et se demande si ceux qui ont boycotté ce dialogue n’ont pas eu raison.

Dans le camp du boycott, il y avait notamment plusieurs groupes politico-militaires, dont les trois principaux, des Transformateurs de Succès Masra ainsi que de Wakit Tama. Au cours du dialogue, certaines confessions, notamment l’Église catholique, des partis politiques ou encore des personnalités, ont aussi claqué la porte du dialogue « totalement sous contrôle », selon eux.

Un argument que le parti au pouvoir balaie d’un revers de main en rappelant que la grande majorité des délégués, représentatifs de tout le Tchad « sont restés et ont approuvé les résolutions du Dialogue ».

RFi