Les traditions en Afrique, particulièrement dans la culture malienne enseignent: «l’ami qui vous rend visite le matin de bonne heure, se souciait certainement de vous la nuit durant». Autrement dit, il n’y a pas meilleur ami que celui qui prend de vos nouvelles au petit matin, la nuit pouvant réservée d’obscures et imprévisibles situations.
Cette année, comme tous les ans, en réservant à l’Afrique sa première visite officielle à l’étranger, le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine Wang Yi, s’est inscrit dans la ligne historique de l’attachement sincère de son pays dans l’amitié sino-africaine. Les historiens auront relevé cette amitié dans les résolutions de la conférence de Bandung de 1955, la pensée de Mao Zedong en 1971, la tournée de Zhou Enlai en 1963-1964, la pensée de Xi Jinping depuis 2013. On ne cessera jamais de l’écrire, la conférence de Bandung a été une véritable conférence Sud-Sud qui a exprimé l’engagement des 29 participants dont la Chine nouvelle en faveur du développement de la zone Afrique-Asie.
En 1971, en accédant à son siège légitime au Conseil de sécurité de l’Onu, Mao Zedong a rendu hommage à ses «frères africains». Lors de sa grande tournée fin 1963, début 1964, le Premier ministre Zhou Enlai a déclaré à Bamako que la «Chine est prête à aider l’Afrique à obtenir son indépendance économique. De 2013 à nos jours avec une dizaine de voyages officiels en Afrique, des conférences en ligne avec des chefs d’Etats Africains, le président Xi Jinping prône l’amitié Chine-Afrique, devenue fraternité pour un développement commun.
Le 18 août 2022, Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, a réitéré cet engagement, lors de la réunion des coordonnateurs sur la mise en œuvre des actions de suivi de la huitième Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC).
Dans son allocution le ministre des Affaires étrangères de Chine a relevé le succès de la huitième Conférence ministérielle du FOCAC tenue à Dakar, au Sénégal le 28 et 29 novembre 2021, grâce aux efforts concertés de la Chine et de l’Afrique: «Ce fut une conférence très cordiale et axée sur les résultats, d’une grande importance pour développer notre amitié traditionnelle, cimenter notre solidarité et notre coopération et construire une communauté de destin sino-africaine dans la nouvelle ère». Le ministre chinois a fait le constat qu’«en dépit de l’évolution de la situation internationale, de la montée des défis mondiaux et des perturbations extérieures répétées, la Chine et l’Afrique ont maintenu le cap en renforçant la solidarité et en se concentrant sur la coopération». Les deux parties ont bien avancé dans la mise en œuvre des résultats de la conférence. Il a noté que face «aux diverses formes de pratiques hégémoniques et d’intimidation, la Chine apprécie le ferme engagement des pays africains envers le principe d’une seule Chine et leur ferme soutien aux efforts de la Chine pour sauvegarder sa souveraineté, la sécurité et l’intégrité territoriale».
La Chine a pris la défense de ses frères africains dans les instances multilatérales, «défendant la justice, s’opposant à l’ingérence injustifiée et aux sanctions unilatérales contre l’Afrique». La Chine et l’Afrique sont «restés concentrés sur la coopération au développement» en faisant progresser leur coopération en matière d’infrastructures et «réalisées plusieurs projets majeurs depuis la Conférence de Dakar». Parmi lesdits projets, il y a lieu de noter le pont de Foundiougne au Sénégal, l’autoroute de Nairobi, l’autoroute Kribi-Lolabe au Cameroun et [la nouvelle ligne de train desservant Le Caire à la nouvelle capitale administrative d’Egypte et à la ville de 10th Ramadan].
Malgré les difficultés de diverses natures la Chine progresse dans la mise en œuvre de tous les engagements qu’elle a pris à Dakar. Ainsi, on relève qu’au plan financier «plus de trois milliards de dollars ont été accordés sur les 10 milliards de dollars américains de facilités de crédit promis aux institutions financières africaines, et près de 2,5 milliards de dollars américains de prêts ont été acheminés vers les programmes prioritaires de l’Afrique. Plus de deux des 10 milliards de dollars US de financement du commerce ont été alloués, et les importations chinoises de produits africains en sept mois ont atteint 70,6 milliards de dollars américains». Sur le plan des investissements, les entreprises chinoises ont «investi 2,17 milliards de dollars américains en Afrique». La Chine est prête par le biais des deux fiducies du FMI, à «rediriger 10 milliards de dollars américains de ses DTS vers l’Afrique et à encourager le FMI à diriger les contributions de la Chine vers l’Afrique».
Aux plans économiques et commerciaux, la Chine a signé «un échange de lettres avec 12 pays africains sur des droits de douane nuls pour 98% de leurs produits d’exportation vers la Chine». Elle a fourni une aide alimentaire d’urgence à quatre pays Africains: Djibouti, Ethiopie, Somalie et l’Erythrée. Par les «voies vertes» de nombreux produits agricoles africains ont atteint le marché chinois. Les «centres conjoints Chine-Afrique pour l’échange, la démonstration et la formation en agro-technologies modernes ont été lancés». Les entreprises chinoises augmentent leurs investissements dans le secteur agricole africain, cultivent davantage de céréales. Grâce à l’initiative «100 entreprises dans 1000 villages», les entreprises chinoises contribuent à créer des emplois, à réduire la pauvreté et à améliorer les moyens de subsistance des ménages ruraux en Afrique.
Sur le plan sanitaire, la Chine et l’Afrique ont construit un bouclier solide contre la Covid-19. La Chine a fourni 189 millions de doses de vaccins à 27 pays africains. La production conjointe de vaccins en Afrique a actuellement une capacité annuelle d’environ 400 millions de doses. La modernisation de l’hôpital de l’amitié Chine-Guinée a été achevée, ainsi que les «procédures préliminaires pour que les hôpitaux du Soudan du Sud, de la République centrafricaine, du Tchad et du Malawi s’associent à des hôpitaux chinois». La Chine a procédé à «332 nominations de personnel médical» en Afrique. Près de «1000 experts médicaux chinois en Afrique ont fourni des services sur 250 000 cas cliniques, effectué plus de 30 000 opérations, traité des patients dans 4500 cas critiques et formé 3600 participants de la communauté médicale et sanitaire locale».
Dans le domaine de l’éducation, les étudiants africains en Chine retournent sur leurs campus. Quatorze écoles professionnelles chinoises ont noué des partenariats avec 13 établissements d’enseignement supérieur africains. Sur les plans énergétiques environnementaux, et du changement climatique les deux parties ont élargies leur «coopération dans les secteurs du solaire, de l’éolien et d’autres sources d’énergie propres». Des projets importants, dont la centrale électrique de Kafue Lower Gorge en Zambie, sont entrés en service. Le séminaire sur la construction de la Grande Muraille Verte d’Afrique a été organisé. Une coopération Sud-Sud pour lutter contre le changement climatique est renforcée avec certains pays avec la construction de zones de démonstration à faible émission de carbone, la réponse aux ouragans.
Dans le domaine de la paix et de la stabilité régionale, la Chine a présenté «les perspectives sur la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique». Elle nommé son «envoyé spécial pour les affaires de la Corne de l’Afrique et soutenu les pays de la région dans la tenue de la Conférence de la paix sur la Corne de l’Afrique».
Le deuxième Forum Chine-Afrique sur la paix et la sécurité et un atelier sur la sécurité dans le golfe de Guinée ont été organisés avec succès. La Chine a fourni une aide militaire aux pays du Sahel, de la Corne de l’Afrique et du golfe de Guinée. Elle a fourni du matériel de police à certains pays contribuant au renforcement des capacités. Toutes ces réalisations prouvent à suffisance, le pragmatisme et la qualité fructueuse de la coopération sino-africaine. Ces réalisations contribuent aussi à «générer une énergie positive pour la stabilité mondiale et apporter de nouveaux espoirs aux peuples du monde entier».
Cette année, le Parti communiste chinois tiendra son 20ème Congrès national, «inaugurant ainsi un nouveau parcours de la construction d’un pays socialiste moderne». Cette année marque aussi le 20ème anniversaire de l’Union africaine. C’est là, «un nouveau point de départ qui engage la Chine et l’Afrique à marcher ensemble vers la construction d’une Communauté de Destin sino-africaine dans la nouvelle ère». À cet égard Wang Yi fait des propositions concrètes. Il s’agit de maintenir «la sincérité, les résultats concrets, l’amitié et la bonne foi». La Chine s’engage à œuvrer avec les pays africains pour «mettre pleinement en œuvre les «neuf programmes» et faire progresser la coopération de haute qualité de «la Ceinture et la Route». Elle renonce aux 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains qui étaient arrivés à échéance à la fin de 2021.
La Chine continuera d’augmenter les importations en provenance d’Afrique, de soutenir le développement des secteurs agricoles et manufacturiers africains et d’élargir la coopération dans les industries émergentes. Dans le cadre de l’aide alimentaire, la RPC a décidé de fournir, «au cours de cette année, une nouvelle tranche d’aide alimentaire aux 17 pays africains dans le besoin». Elle encourage davantage les entreprises chinoises à investir dans la production et la transformation agricoles en Afrique. Les programmes de formation à court terme en Chine seront repris de manière ordonnée et augmenterons régulièrement. Les vols commerciaux reprendront pour faciliter les flux de personnel et les voyages d’affaires entre la Chine et l’Afrique.
Le concours Chine-Afrique pour l’innovation et l’entrepreneuriat des jeunes est en préparation. Des soutiens sont accordés aux groupes de réflexion, aux organisations médiatiques, aux groupes populaires, aux jeunes et aux femmes dans «le renforcement des échanges et de la coopération pour approfondir l’amitié entre les peuples chinois et africains». Le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) demeure au cœur des relations sino-africaines en tant que porte-drapeau de la coopération Chine-Afrique.
Cependant l’institutionnalisation de la réunion des coordinateurs sera un plus en faveur de cette coopération exemplaire Sud-Sud.
Yoro Diallo-Observateur Continental