Dans une série de tweets, le président du Ghana a réitéré, mardi, ses propos tenus lors d’un sommet, lundi, à Accra, sur les réparations et la guérison raciale, un discours dans lequel il a plaidé pour que des réparations soient versées au continent africain.
“Il est temps que l’Afrique, dont 20 millions de fils et de filles ont vu leurs libertés réduites et ont été vendus comme esclaves, reçoive également des réparations”, a relevé le Président Nana Akufo-Addo.
Lors de ce sommet qui est organisé conjointement par la Commission de l’Union africaine (UA), le fonds africain pour la justice transitionnelle, l’Institut afro-américain (AAI) et Global Black, avec le financement de la Fondation John D. et Catherine T. MacArthur, le dirigeant ghanéen a déclaré que les effets de la traite des esclaves étaient “dévastateurs” pour le continent et la diaspora et que toute la période de l’esclavage a retardé “le progrès économique, culturel et psychologique de l’Afrique”.
Selon Akufo-Addo, l’ensemble du continent africain mérite “des excuses officielles de la part des nations européennes” impliquées dans la traite des esclaves pour les crimes et les dommages que cette traite a causés à la population, à la psyché, à l’image et au caractère des Africains du monde entier.
Dans un autre tweet, le Président du Ghana a souligné qu’aucune somme d’argent ne pourrait réparer les dommages causés par la traite transatlantique des esclaves et ses conséquences qui se sont étendues sur plusieurs siècles, ajoutant : “Nous devons guérir des torts du passé afin de capitaliser sur les opportunités qui nous attendent à l’avenir”.
D’après le journal ghanéen Graphic, le Président Akufo-Addo a aussi déclaré lors de ce sommet que la communauté des Caraïbes avait pris la tête du débat sur les réparations et a donc exhorté l’UA à s’engager avec les africains de la diaspora et à “former un front uni pour faire avancer la cause des réparations”.
Citant quelques exemples de réparations versées pour étayer son plaidoyer, le Président Akufo-Addo a rappelé que lorsque les Britanniques ont mis fin à l’esclavage, tous les propriétaires d’Africains réduits en esclavage ont reçu une réparation de 20 millions de livres sterling, soit l’équivalent de 20 milliards de livres sterling aujourd’hui, mais les Africains réduits en esclavage eux-mêmes n’ont pas reçu un centime.
Aux États-Unis également, a-t-il relevé, les propriétaires d’esclaves ont reçu 300 dollars pour chaque esclave qu’ils possédaient, mais les esclaves eux-mêmes n’ont rien reçu.
“Prenez le cas d’Haïti, qui a dû payer des réparations d’un montant de 21 milliards de dollars aux esclavagistes français en 1825 pour la victoire de la grande révolution haïtienne, la première dans les Amériques et les Caraïbes où les esclaves ont été libérés”, a-t-il indiqué dans l’un de ses tweets.
Pour rappel, l’esclavage est une histoire très ancienne, mais qui n’a jamais été si actuelle. Un phénomène né pendant l’Antiquité, et dont on ne prit réellement conscience qu’au XVIIIe siècle.
L’Afrique noire ou subsaharienne a connu l’esclavage dès les temps anciens, comme toutes les autres régions du monde. Cet esclavage traditionnel a pris une dimension d’autant plus importante que l’Afrique noire a ignoré la propriété foncière jusqu’à l’ère contemporaine.
Trois cents ans d’esclavage, du 16ème siècle au 19ème siècle, ont laissé leurs cicatrices.
“Il est clair que la plaie continue de suppurer. Que l’on veuille ou non enlever le pansement et comprendre pourquoi”, a rappelé la journaliste du New York Times, Nikole Hannah-Jones, surtout connue pour le Projet 1619 qui présente l’esclavage comme l’un des éléments centraux de l’histoire des États-Unis, qui s’est adressée à l’Assemblée générale de l’ONU lors de la commémoration de la traite transatlantique des esclaves, début avril 2022.
Anadolu Agency