Soudan: nouvelle montée de tension dans le triangle d’el-Fashaga à la frontière éthiopienne

Nicolas Cortes - Nicolas Cortes Des renforts militaires sont en route depuis Khartoum pour l'État de Gedaref pour être déployés à la frontière éthiopienne. Des camions chargés de soldats, de pièces d'artilleries et des blindés.

La tension est montée d’un cran dans l’est du Soudan à la frontière avec l’Éthiopie. L’armée soudanaise affirme qu’une patrouille de soldats est tombée dans une embuscade tendue par des forces armées éthiopiennes. Les affrontements ont eu lieu dans la zone du triangle d’el-Fashaga. Un territoire agricole qui fait l’objet d’un bras de fer entre les deux pays. Les forces soudanaises ont subi des « pertes en vies humaines et en matériel ». L’armée a renforcé sa présence dans l’État de Gedaref.

Des convois militaires lancés à toute allure sur les routes, des hélicoptères dans le ciel, la tension était palpable, ce jeudi après-midi, à Gedaref. Ces mouvements de troupes coïncidaient également avec la visite inopinée du chef du Conseil souverain. Le général Abdel Fattah al-Burhan s’est déplacé en personne aux côtés des troupes soudanaises.

Des sources militaires ont confirmé à RFI l’envoi de renforts déployés le long de la frontière éthiopienne. Selon les mêmes sources, l’armée aurait repris le contrôle de la zone du Jebel Abutiour où s’est déroulée l’embuscade. Des affrontements qui ont fait quatre morts côté soudanais, dont un officier, et au moins 12 blessés.

Risque de déstabilisation

L’armée soudanaise met directement en cause les milices éthiopiennes appelées « shiftas » qui ont contrôlé le triangle de Fashaga pendant des années. Mais elle accuse également l’armée fédérale éthiopienne d’avoir participé aux combats.

 Addis-Abeba n’a pas démenti. Le ministère des Affaires étrangères assure que l’armée éthiopienne a répliqué face à une intrusion de militaires sur son territoire. Le Premier ministre Abiy Ahmed a appelé au dialogue entre les deux pays. En revanche, le ministère égyptien des Affaires étrangères a dénoncé des attaques injustifiées qui risqueraient de déstabiliser la région.

■ Inquiétude pour les réfugiés

L’aide du CICR et du Programme alimentaire mondial est enfin parvenu mardi dans deux des quatre camps de réfugiés érythréens du Tigré, qui étaient pris dans les combats. Deux autres sont encore inaccessibles. La militante des droits de l’homme érythréenne Elza Chyrum, directrice de Human Rights Concern Eritrea, maintient le contact avec quelques résidents de ces camps, comme avec l’Érythrée. Elle décrit une situation très inquiétante.

 Les camps de Hitsats et Shimelba sont malheureusement tombés entre les mains de l’armée érythréenne. Nous n’avons aucun contact direct avec ces deux camps, mais nous savons que les Érythréens ont déportés des milliers de réfugiés vers l’Érythrée. Certains ont été blessés par balles et une cinquantaine d’entre eux ont été ramenés pour être soignés en Érythrée.

 

  Source: Rfi