Cinq personnes, dont trois volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée burkinabè), ont été tuées jeudi soir, dans des attaques perpétrées par des individus armés non identifiés dans la ville de Sebba, située dans la province du Yagha, dans le Sahel burkinabè, a-t-on appris vendredi, de sources concordantes.
« Des hommes armés ont mené des attaques contre les domiciles des volontaires pour la défense de la patrie au secteur N°5 de Sebba. Le bilan provisoire est de cinq morts dont trois combattants volontaires et deux civils », a rapporté la plateforme de suivi des attaques terroristes « Sahel Security » qui a ajouté que la « tentative d’étranglement de cette ville se poursuit ».
Ces attaques ont été rapportées également par des médias locaux dont Radio Oméga (privée) qui a indiqué que plusieurs habitants de ce quartier de la ville se sont déplacés pour trouver refuge dans d’autres quartiers jugés plus sécurisés.
La situation sécuritaire s’est fortement dégradée ces dernières semaines dans la ville de Sebba, alors que l’accès à la ville demeure difficile en raison de la présence d’engins explosifs improvisés sur les différents axes routiers, selon plusieurs habitants joints au téléphone par l’Agence Anadolu.
Jeudi, lors d’un point de presse organisé à Ouagadougou, l’ONG Médecins sans frontières (MSF), a alerté sur la situation qui prévaut dans cette localité du Burkina Faso.
« La ville de Sebba est de plus en plus isolée. L’axe qui relie cette ville à la ville de Dori est de plus en plus coupé de la région et la population se retrouve aujourd’hui dans une situation où elle est isolée », a déclaré le chargé de mission de MSF, Ulrich Crépin Namfeibona, pour qui la situation sécuritaire s’est dégradée depuis juin 2022 dans cette localité.
Selon Ulrich Crépin Namfeibona, les populations manquent de nourriture. « Les gens se nourrissent avec des feuilles, tous les jours. Il y a un manque de produits de première nécessité pour pouvoir se nourrir. Donc si vraiment rien n’est fait pour donner de quoi se nourrir à cette population, nous pensons que dans les jours à venir, nous pourrions assister à une catastrophe, une crise nutritionnelle qui va vraiment frapper beaucoup plus les enfants et peut-être les adultes qui n’ont rien à manger », a-t-il dit dans les colonnes du journal en ligne « Lefaso.net».
S’exprimant sur la question ce vendredi lors d’une conférence de presse, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni, en charge du Commandement des opérations du théâtre national (COTN) a déclaré que l’armée est consciente de cette situation et tente de ravitailler cette ville.
« Nous sommes vraiment conscients de cette situation, (mercredi) nous avons perdu six soldats qui étaient en mission dont la finalité était d’ouvrir la voie pour permettre une mission de ravitaillement dans la zone. C’est une situation qui est connue. Il y a des actions en cours et des actions à planifier », a-t-il dit.
Depuis 2015, le Burkina Faso est en proie à des attaques terroristes qui ont fait de nombreuses victimes et plus de 1,9 million de déplacés internes.
Mercredi, le gouvernement burkinabè a adopté en Conseil des ministres un décret portant actualisation de la Stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.
« L’adoption de ce décret permettra une synergie des différentes actions de lutte contre la menace terroriste afin d’obtenir une réponse optimale, efficace et durable pour une sortie de crise », a précisé le gouvernement.
Anadolu Agency