Selon les informations glanées dans les couloirs de la réunion du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), qui se déroule ce 21 juillet 2022 à Douala, la République centrafricaine (RCA) ne devrait pas suspendre son projet de cryptomonnaie, officialisée le 22 avril 2022.
Ce projet, qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, en raison de la reconnaissance par les États de la Cemac (Cameroun, Congo, Tchad, Gabon, RCA et Guinée équatoriale) d’une monnaie unique, à savoir le franc CFA, devrait désormais se poursuivre sous la surveillance étroite de la Beac, la banque centrale des pays de la Cemac.
Ces informations épousent la tonalité du communiqué que vient de publier le conseil d’administration de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) à l’issue de sa session tenue le 20 juillet 2022 dans la capitale économique camerounaise. « Après avoir examiné les implications de la loi régissant la cryptomonnaie en République centrafricaine sur l’architecture règlementaire de la communauté en matière monétaire et financière, le conseil d’administration a accueilli favorablement l’expression par la RCA de son attachement à la monnaie unique et au respect des statuts de la Banque des États de l’Afrique centrale, des textes régissant l’union monétaire et ses engagements communautaires », peut-on lire dans le communiqué ayant sanctionné les travaux de Douala.
Par ailleurs, apprend-on du communiqué signé par Hervé Ndoba, président du conseil, par ailleurs ministre des Finances et du Budget de la RCA, le conseil d’administration de la Beac a « pris bonne note de la sollicitation par la République centrafricaine, de l’assistance de la Beac et des instances compétentes de la communauté, pour l’élaboration d’un cadre normatif régissant les cryptoactifs dans la Cemac ».
L’appel à la prudence de la Beac
Ces postures de la RCA, relayées aussi bien par le communiqué du conseil d’administration de la Beac que des sources proches du Comité ministériel de l’Umac, viennent dissiper les nuages qui s’amoncellent sur le ciel des relations entre ce pays et ses pairs de la Cemac, d’une part, et avec la France (parrain du franc CFA selon les accords de coopération monétaire avec les pays de la zone franc, NDLR), d’autre part, depuis l’adoption par la RCA d’une loi sur la cryptomonnaie en avril 2022.
L’on se souvient que cette décision des autorités centrafricaines avait aussitôt suscité une première réaction d’opposition de la part de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac). « Il est interdit aux établissements assujettis ainsi qu’à leurs partenaires techniques dans le cadre des services de paiements d’échanger ou de convertir, de régler ou de couvrir en devise ou FCFA, les transactions relatives aux cryptomonnaies ou ayant un lien avec celles-ci », peut-on lire dans la note de l’institution publiée après la légalisation du bitcoin par la RCA.
« La teneur de la loi régissant la cryptomonnaie adoptée en République centrafricaine peut s’analyser comme une remise en cause des accords de coopération monétaire (avec la France, NDLR) en vigueur en Afrique centrale », avait par la suite réagi le gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli. Le 14 juillet 2022, au cours de la conférence de presse ayant ponctué le Comité de politique monétaire de la Beac, ce dernier à une nouvelle fois recommandée aux agents économiques de la Cemac, la prudence face aux cryptoactifs.
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