Les dirigeants ouest-africains ont levé le 3 juillet à Accra les sanctions commerciales et financières qui étouffaient depuis janvier le Mali. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a également donné son accord pour une transition de 24 mois au Burkina Faso, avant un retour des civils au pouvoir à compter du 1er juillet 2022.“C’est acté! Nous avons décidé de lever les sanctions économiques et financières contre le Mali“, a déclaré à l’AFP un participant au sommet de la Cédéao sous couvert de l’anonymat.
“C’est bien acté !”, a confirmé un autre responsable de la Cédéao. “Mais les chefs d’état ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle“, a-t-il ajouté.
L’adoption d’une nouvelle loi électorale ouvrant la voie à la candidature d’un militaire à l’élection présidentielle demeurait un possible point de blocage dans les négociations.
Une décision très attendue
La levée de l’embargo sur les transactions commerciales et financières était très attendue au Mali, épuisé par dix ans de conflit, et où les négociations entre la junte et la Cédéao durent depuis des mois.
Les signaux étaient plutôt positifs ces derniers jours avec l’adoption par le Mali d’un certain nombre de prérequis indispensables pour l’allègement des sanctions.
Les autorités ont annoncé le 29 juin un calendrier électoral fixant la présidentielle à février 2024, le référendum constitutionnel à mars 2023, et les législatives entre octobre et novembre 2023. Il vient compléter l’adoption le 17 juin d’une nouvelle loi électorale et la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution.
24 mois de transition pour le Burkina Faso
“Sur le Burkina Faso, nous avons demandé à la junte de revoir sa copie. Elle demandait 36 mois. Aujourd’hui tout le monde est d’accord que c’est 24 mois de transition à compter du 1er juillet 2022”, a également assuré à l’AFP un participant au sommet sous couvert de l’anonymat.
Lors de sa visite le 2 juillet à Ouagadougou, le médiateur de la Cédéao, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou, a donc convaincu la junte au pouvoir depuis fin janvier de baisser la durée de la transition de 36 à 24 mois.
Dans ce pays sahélien aussi frappé par les attaques djihadistes, Mahamadou Issoufou avait salué “l’ouverture au dialogue” des militaires et dit avoir “échangé sur le chronogramme de la transition” présenté le 29 juin aux leaders politiques.
Les autorités burkinabè prévoyaient jusqu’alors les dates du 24 décembre 2024 pour un référendum constitutionnel et du 25 février 2025 pour la tenue d’élections législatives et présidentielle. Le nouveau calendrier n’a pas encore été annoncé.“Absence de concertations”
Le 1er juillet, les partis de l’ex-majorité du président Roch Marc Christian Kaboré renversé avaient dénoncé l’agenda présenté par la junte comme une “manœuvre solitaire qui contraste avec les impératifs d’une transition inclusive et réussie”, regrettant “l’absence de concertations en amont”.
L’Afrique de l’Ouest a vu se succéder les coups de force des colonels et lieutenants-colonels en moins de deux ans : putsch le 18 août 2020 à Bamako, nouveau fait accompli parachevant le premier le 24 mai 2021, putsch le 5 septembre 2021 à Conakry, putsch le 24 janvier 2022 à Ouagadougou.
Depuis 2020, la Cédéao, alarmée du risque de contagion dans une région vulnérable, multiplie les sommets, les médiations et les pressions pour accélérer le retour des civils à la direction de ces pays.
La Guinée a par ailleurs mené cette semaine une intense campagne diplomatique pour apaiser les dirigeants ouest-africains et éviter de nouvelles sanctions.
Source: Tv5monde