Face à l’insécurité, l’État nigérian du Zamfara veut armer ses citoyens

L’État de Zamfara, au Nigeria, va commencer à délivrer des permis de port d’arme aux particuliers afin qu’ils puissent se défendre contre les bandes armées de kidnappeurs qui font des ravages dans le nord-ouest du pays, a déclaré dimanche le commissaire à l’information de l’État.

Les gangs armés sévissent dans le nord-ouest du Nigeria, où ils commettent des vols et des enlèvements contre rançon. La violence s’est accrue, et les forces de sécurité, peu nombreuses, ne parviennent souvent pas à mettre fin aux attaques.

Les hommes armés, connus localement sous le nom de “bandits”, opèrent depuis des forêts reculées du nord-ouest et leurs attaques et enlèvements meurtriers, visant des villageois, des agriculteurs et des voyageurs, ont augmenté depuis le début de l’année. L’État de Zamfara et celui de Kaduna voisin sont les plus touchés, selon les autorités.

Ibrahim Magaji Dosara, commissaire à l’information du Zamfara, a déclaré que le gouverneur, Bello Matawalle, a demandé au commissaire de police de l’État de délivrer 500 permis de port d’arme dans chacun des 19 zones administratives de l’État à ceux qui souhaitent se défendre.

“Le gouvernement est prêt à aider les gens, en particulier nos agriculteurs, à se procurer des armes de base pour se défendre”, a déclaré M. Dosara dans un communiqué.

La possession d’une arme à feu à Zamfara nécessite l’autorisation du gouverneur et du commissaire de police de l’État.

L’annonce des autorités de l’État suscite des inquiétudes au niveau des forces armées fédérales, selon la presse nigériane. Le chef d’état-major de la défense, le général Lucky Irabor, a dit qu’il revient au ministre fédéral de la Justice de préciser si un gouverneur peut ou non décider d’armer les citoyens ordinaires. “À mon avis, ce n’est pas la bonne façon de procéder”, a dit le général, cité par le quotidien Vanguard.

Les forces de sécurité nigérianes sont débordées par la lutte contre une insurrection islamiste dans le nord-est du pays, ce qui oblige les États à s’en remettre à des groupes d’autodéfense pour lutter contre les bandits, qui se déplacent en grand nombre sur des motos.

La semaine dernière, des hommes armés ont tué huit personnes et en ont enlevé 38 autres lors de l’attaque de deux églises à Kaduna, selon un groupe chrétien, quelques semaines après une attaque meurtrière dans le sud-ouest.

En plus du port individuel d’armes à feu, les autorités du Zamfara entendent recruter des gardes de protection communautaire supplémentaires et mettre en place une nouvelle unité paramilitaire. L’État a également interdit l’utilisation de motocyclettes et la vente d’essence dans les zones les plus touchées par le banditisme.

“Toute personne trouvée en train de conduire une moto dans ces zones est considérée comme un bandit et les agences de sécurité ont reçu l’ordre de tirer à vue sur ces personnes”, a déclaré M. Dosara.

VOA Afrique