Richard Bale, le Haut-commissaire du Canada au Cameroun, s’est rendu dans la région du Nord-Ouest le 22 avril dernier, officiellement pour une « visite de travail ». Les échanges avec le président du Conseil régional du Nord-Ouest ont tourné autour du plan régional de développement et des opportunités de cette région secouée par un conflit séparatiste depuis 2017.
Sans s’étendre sur le sujet, le diplomate canadien a esquissé l’autre raison de sa visite. « Je dirai aux collègues qui ont posé des questions sur mon voyage que, d’après mon expérience jusqu’à présent, il est possible de visiter Bamenda. Il est important que les diplomates étrangers s’y rendent afin de s’engager auprès des bonnes parties prenantes, qu’il s’agisse du gouvernement, des chefs traditionnels, de la société civile ou du secteur privé », a déclaré le Haut-commissaire. Et Richard Bale d’ajouter : « ce n’est qu’en nous engageant avec cette grande variété de parties prenantes sur le terrain que nous pourrons améliorer notre compréhension de la situation ici et nous assurer ensuite que nos engagements sont mieux ciblés ».
Nouvelle tentative ?
Le Canada est l’un des partenaires du Cameroun qui s’est souvent montré préoccupé par le conflit séparatiste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En mars 2021, Marc Garneau, ministre canadien des Affaires étrangères, déclarait sur Twitter avoir discuté de la crise anglophone avec son homologue camerounais. « J’ai parlé à mon homologue du Cameroun, Lejeune Mbella Mbella. J’ai réitéré l’importance d’une résolution pacifique de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun », avait-il révélé. L’on se souvient également que dès 2017, une députée canadienne, Hélène Laverdière, avait demandé que son gouvernement se propose pour aider le Cameroun à mettre fin au conflit.
Il faut dire que la visite dans le Nord-Ouest du chef de la mission diplomatique canadienne au Cameroun intervient alors qu’aucun processus de paix n’a jusqu’ici abouti. Qu’il s’agisse de la médiation suisse, des bons offices proposés par le Vatican ou encore des appels d’autres partenaires à engager le dialogue. Il n’est donc pas exclu que le diplomate canadien soit aussi venu tâter le terrain dans la perspective d’une offre de médiation.
Sur le terrain, la violence se poursuit, même si des observateurs notent une baisse des attaques des milices séparatistes. Déclenchée fin 2016 par des manifestations des avocats anglophones pour une traduction en anglais des textes Ohada, la crise sociopolitique s’est transformée dès 2017 en conflit armé entre force de défense et de sécurité et miliciens indépendantistes. Le conflit aurait déjà fait plus de 6000 morts d’après les chiffres de l’International Crisis Group.
Source : Investir Au Cameroun