Les réactions politiques sont diverses après le dernier sommet de la Cédéao. Les chefs d’État de l’organisation ouest-africaine ont décidé vendredi de maintenir les sanctions économiques qui pèsent sur le Mali, en dépit de la demande de la Cour de justice de l’Uemoa de les suspendre. RFI a joint opposants et soutiens de la junte au pouvoir.
L’objectif de la Cédéao est toujours de contraindre la junte militaire – qui a pris le pouvoir il y a un an et demi – à accélérer le retour à l’ordre constitutionnel : la Cédéao souhaite que la prolongation de la période de transition n’excède pas 12 à 16 mois, alors que les autorités maliennes de transition veulent encore deux années supplémentaires avant d’organiser des élections. Les autorités de Bamako n’ont d’ailleurs toujours pas réagi officiellement aux conclusions de ce sommet.
Sory Ibrahima Traoré préside le Front pour l’émergence et le renouveau au Mali (FER-Mali), organisation politique qui soutient les autorités de transition. Il dénonce l’intransigeance des dirigeants de la Cédéao, à l’origine, selon lui, du blocage.
« Nous avons appris avec beaucoup d’indignation le maintien des sanctions contre le Mali malgré la bonne foi manifeste des autorités maliennes qui sont parties d’une proposition de cinq ans à une proposition de 2 ans. Et aussi à un moment où la Cour de justice de l’Uemoa avait ordonné la suspension des sanctions. Les dirigeants de la Cédéao sont en train de s’embourber dans une situation d’injustice manifeste. Les egos sont en train de prendre le dessus sur le droit, le bon voisinage et les objectifs de la Cédéao. Nous pensons que les dirigeants de la Cédéao sont en train de se faire manipuler par des forces étrangères à notre communauté. Et aussi se laisser emporter par la passion. »
Nous pensons que les dirigeants de la Cédéao reviendront à de meilleurs sentiments.
À l’autre bout du champ politique malien, Amadou Koita est président du PS-Yeleen Koura et porte-parole du Cadre, qui rassemble les partis d’opposition aux actuelles autorités de Bamako. Lui ne jette pas la pierre à la Cédéao mais, au contraire, aux autorités de transition et à leur volonté d’accaparer le pouvoir.
« Malheureusement, le gouvernement reste sur une ligne de confiscation du pouvoir. Parce que, pour nous, la transition avait été fixée à 18 mois. Si, aux termes des 18 mois, les élections n’étaient pas organisées, il appartenait au président de la transition de convier l’ensemble de la classe politique, de la société civile pour convenir d’une nouvelle feuille de route, consensuelle, et cela aurait dû faciliter les négociations avec la Cédéao. Ça n’a pas été le cas. Aujourd’hui, les sanctions restent encore. Les négociations continuent. Nous espérons que le gouvernement comprendra que le Mali n’a pas intérêt à rester dans un isolement diplomatique, à subir des sanctions. »
Nous pensons que la Cédéao est allée loin, de 12 à 16 mois. Les autorités doivent revoir leur copie.