Lakami Doucouré, patron d’une entreprise malienne de commerce-transports, fustige la “main visible ou invisible qui veut envenimer les choses” dans son pays
Les hommes d’affaires maliens continuent d’exprimer leur confiance dans le développement économique de leur pays et estiment que les sanctions qui lui sont imposées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), visent à révolter les Maliens contre leur gouvernement.
Interrogé par l’Agence Anadolu, Lakami Doucouré, patron d’une entreprise malienne de commerce-transports, a fustigé la “main visible ou invisible qui veut envenimer les choses” dans son pays.
“À mon avis, les sanctions sont vraiment graves […] illégales, illégitimes”, estime l’homme d’affaires.
“C’est très dur pour les populations, c’est très dur pour le Mali. Quand on parle de sanctions, on parle de vouloir faire mal. Ce mal-là, je pense que le Mali vit ça”, souligne Doucouré.
“On ne peut pas ne pas sentir ce mal volontaire que, peut-être, les chefs d’État de la Cédéao ont voulu imposer sur notre pays”, ajoute-t-il.
Les chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao, qui se sont réunis vendredi à Accra, au Ghana, ont annoncé le maintien des sanctions économiques successives, imposées au Mali depuis l’arrivée au pouvoir du nouvel Exécutif, suite à un coup d’État mené en 2020 par le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition malienne.
Interrogé sur les répercussions de ces sanctions sur ses affaires, Doucouré a fait remarquer que “tous les secteurs de la vie” sont touchés “au quotidien”.
“Il ne s’agit pas que des commerçants, parce que dans la vie, tout est lié : hôteliers, commerçants, cultivateurs… Et on a besoin l’un de l’autre aussi. Quelque part, c’est comme dans l’ensemble d’un corps. Si ça fait mal quelque part, ça va se sentir pour les autres côtés, aussi”, constate l’homme d’affaires.
“Maintenant, le commerçant étant celui qui amène de l’extérieur les besoins du pays, quand le pays voisin ferme, naturellement, le commerçant est l’un des premiers acteurs qui sent ça, mais je pense que psychologiquement et moralement, il y a beaucoup, beaucoup quand même des commerçants qui étaient préparés pour ça”, observe-t-il.
“On souhaite que ça soit le plus court possible, mais voilà, ça fait mal”, note-t-il cependant.
Lakami Doucouré évoque ensuite les difficultés éprouvées par le Mali et rappelle que “le pays traverse un moment très difficile, un moment historique”.
“Donc il va falloir que l’ensemble des couches de la société se donne la main pour épauler nos autorités afin de traverser ces moments difficiles qu’on pense vraiment passagers”, ajoute l’homme d’affaire invoquant la solidarité nationale.
“Espérons que, très vite, nous puissions nous comprendre avec nos amis, et de la Cédéao, et de partout, pour que la vie continue de plus belle encore”, note-t-il.
Interrogé sur l’inflation et ses effets, Doucouré “pense qu’il y a un peu de tapage aussi derrière cela […] Peut-être une main visible ou invisible qui veut envenimer les choses, qui veut faire révolter les populations” du fait du manque de certaines denrées ou de l’augmentation de leurs prix.
“Je pense qu’il y a un peu de manipulation derrière cette histoire-là, que, d’ailleurs, nos autorités ont compris“, poursuit l’homme d’affaires, rappelant que le gouvernement malien prend “des mesures pour éventuellement sanctionner ceux qui sont en train de véhiculer ces mauvaises nouvelles [à des fins spéculatives, NDLR] et contrôler aussi les prix des denrées alimentaires ou autres choses sur lesquelles l’État est en train de faire des efforts pour que la population malienne puisse les avoir à des prix qui restent raisonnables”, indique-t-il.
Interrogé sur les auteurs éventuels de ces sanctions qu’il perçoit comme une “manipulation”, l’homme d’affaires évoque potentiellement la France, au même titre que la Cédéao, même si, reconnaît-il, “il n’y a pas de preuves palpables”.
“Mais, ce que je sais, quand même, c’est que ce qu’on attendait de la France, la France n’a pas eu ce rôle. Voilà la déception de la population malienne”, dit-il, faisant référence à la lutte contre le terrorisme et à l’opération Barkhane, en place au Mali depuis 2014 et dont la fin de sa présence dans ce pays a été annoncée, en début d’année, par les autorités françaises.
Le premier ministre malien a participé ce week-end, au Qatar, au Forum des affaires en Afrique, dans le cadre du Doha Forum 2022.
Choguel Maïga a fait état d’une amélioration “progressive” pour son pays.
“La partie où sont concentrés les 80% de l’économie du pays est aujourd’hui libérée”, du terrorisme, a indiqué le chef du gouvernement malien, appelant les investisseurs étrangers à profiter des conditions d’affaires avantageuses de son pays, à travers le Code des investissements.
“Vous y avez des mines d’or, les réserves de gaz, les deux plus grands fleuves de l’Afrique de l’Ouest, plus de 3 millions d’hectares de terres potentiellement aménageables. Le bétail malien, c’est le deuxième plus grand d’Afrique de l’Ouest après le Nigeria, et le déficit énergétique sont des éléments qui peuvent intéresser des investisseurs”, a rappelé le premier ministre malien.
Anadolu Agency