Au cours d’une séance de questions orales aux membres du gouvernement camerounais à l’Assemblée nationale, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, a donné des détails sur l’incidence de la crise séparatiste qui secoue le Cameroun depuis fin 2016, sur les projets routiers contractualisés dans la région du Nord-Ouest. « À date, 44% du linéaire du réseau est couvert par des contrats actifs pour des travaux qui ne s’exécutent pas. Les raisons sont connues. Plusieurs entreprises ont abandonné les chantiers des travaux ou des études, d’autres ne se sont même pas mobilisées », a indiqué Emmanuel Nganou Djoumessi.
Ce membre du gouvernement fait ainsi allusion aux difficultés qu’éprouvent les entreprises adjudicataires des contrats, face à l’insécurité créée par les milices séparatistes dans les deux régions anglophones du Cameroun (Nord-Ouest et Sud-Ouest). Le cas le plus emblématique de cette insécurité est observable sur la construction de la route Babadjou-Bamenda, qui relie les régions de l’Ouest à celle du Nord-Ouest, et dont le contrat a été attribué en 2017 à la société Sogea-Satom.
Mais, dès septembre de la même année, l’entreprise suspend les travaux en raison d’attaques sur ses équipements et des menaces sur son personnel par les séparatistes armés. Après une légère accalmie, les travaux reprendront quelques mois plus tard, mais seront perturbés jusqu’à une nouvelle suspension le 14 janvier 2020, après une attaque meurtrière intervenue une semaine plus tôt. Depuis le 6 octobre 2021, le Cameroun a lancé un appel d’offres, en vue du recrutement d’un nouveau prestataire pour ce tronçon.
Ces perturbations des travaux routiers dans la région anglophone du Nord-Ouest ont cours, alors que le gouvernement, selon le ministre Nganou Djoumessi, a mobilisé un montant cumulé de 179,1 milliards de FCFA depuis 5 ans, pour la réalisation des projets routiers dans cette région camerounaise, dont le réseau routier s’étire sur un linéaire d’environ 10 504,85 km selon les statistiques du ministère des Travaux publics.
Dans le détail, ce réseau est constitué de 495,09 km de chainons de routes nationales, 793,87 km de routes régionales et 9 215,89 km de routes communales. 48,26% de sections de routes nationales sont bitumées ; contre 9,3% de routes régionales ; 13,1% de routes communales.