La colère gronde au Burkina Faso, après l’attaque d’Inata qui fait 53 morts dont 49 soldats. La classe politique réagit aux dysfonctionnements constatés au sein des forces armées en lutte contre le terrorisme. Et le chef de l’Etat est pointé du doigt.
Faute de ravitaillement depuis deux semaines, c’est l’estomac dans les talons que les soldats d’Inata ont affronté les terroristes. Avant l’attaque, ces militaires laissés à l’abandon avaient même été contraints de chasser. Chasser pour se nourrir… avant de mourir…
Résultat, la rue gronde, en effet, au Burkina Faso. Contre l’intendance qui ne suit pas, mais aussi contre la corruption. Et comme le signale Jeune Afrique, c’est contre le président de la République Roch Marc Christian Kaboré que monte « la grogne ». Dans les rues de Ouagadougou, « cela faisait des années qu’on n’avait pas vu pareille mobilisation », souligne le site de ce journal panafricain, « Roch Marc Christian Kaboré va devoir composer avec un nouveau front : la colère grandissante d’une partie de ses compatriotes qui se sentent « abandonnés » face à la violence des groupes terroristes alliés au groupe État islamique et à Al-Qaïda ».
Dans les rues de la capitale, donc, mais pas que… Jeune Afrique souligne « que les manifestations hostiles au régime du président Kaboré (…) se sont étendues de la capitale à plusieurs villes comme Bobo-Dioulasso, Dori, Titao, Kantchari ».
« Ce ras-le-bol des manifestants est compréhensible, admet le quotidien ouagalais Le Pays. Depuis l’accession au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré, le Burkina Faso s’est installé dans l’œil du cyclone terroriste (…) La psychose a, de ce fait, gagné progressivement toute la population (…) La goutte d’eau qui semble avoir fait déborder le vase est la récente boucherie d’Inata (…) Et pendant que les portes de l’apocalypse semblent se rapprocher, le Chef de l’Etat (…) semble (lui) n’avoir pas pris la mesure réelle du danger. Pour beaucoup de Burkinabè, l’homme ne s’est pas encore revêtu du treillis d’un chef de guerre qui joue la survie de son territoire », déplore Le Pays.
L’armée française a participé à la reprise d’Inata, selon la presse burkinabè
Pendant ce temps, les forces armées burkinabè aurait réinvesti le terrain à Inata. C’est ce qu’affirme Wakat Sera. Selon ce journal ouagalais, des hommes de l’USIGN, l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale « ont repris le contrôle d’Inata, en début de semaine ». Wakat Sera assure que « c’est un avion militaire de type Transall C-160 de l’armée française qui a servi à transporter la logistique de l’armée burkinabè jusqu’à Djibo. Entre Djibo et Inata (…) un hélicoptère militaire français a fait la navette, d’abord pour déposer le matériel et ensuite les hommes de l’USIGN qui font partie des plus aguerris de l’armée burkinabè ».
Les gouttes d’eau et l’océan de Bendjo
En Côte ďIvoire, le programme inclusif de l’organisation Alternative citoyenne ivoirienne en vue d’une réconciliation nationale a été lancé hier. Par cette initiative de la société civile, pouvoir et opposition sont invités à engager des actions en faveur de la cohésion sociale. Et le plus tôt sera le mieux.
Dans les kiosques, cette rencontre politique initiée hier jeudi, dans un hôtel de Port Bouët, près d’Abidjan, par la militante des droits de l’homme Pulchérie Gbalet, est à la Une de plusieurs quotidiens ivoiriens ce matin, comme Le Nouveau Réveil, proche du PDCI-RDA, l’ancien parti unique dirigé aujourd’hui par l’ex-président Bédié, ou encore le journal indépendant L’Inter.
« Seuls, nous sommes des gouttes d’eau, ensemble nous sommes un océan », peut-on ainsi lire sur celle de cet autre quotidien indépendant qu’est Soir Info.
Lancée par Noël Akossy Bendjo, cette formule ramasse d’une image la marque qu’a tenu à imprimer le PDCI-RDA, dont Noël Akossy Bendjo est désormais le Conseiller spécial d’Henri Konan Bédié, en charge de la réconciliation et de la cohésion sociale.
Dans son discours, l’ex-maire de la commune abidjanaise du Plateau en a appelé à « l’union sacrée » en Côte d’Ivoire pour ce « devoir impérieux » qu’est la réconciliation, a-t-il dit, une réconciliation fondée sur le respect des « droits humains qui sont, par essence, universalistes et égalitaires ; incompatibles avec les systèmes et régimes fondés sur la supériorité en dignité d’une caste, d’une race, d’une région, d’une classe, d’un groupe social ou individuel », a dit encore Bendjo, dont les propos sont notamment rapportés par Soir Info.
Source: Rfi