Le Mozambique doit trouver une solution politique pour mettre fin aux violences jihadistes dans le nord-est riche en gaz, ont estimé jeudi des organisations citoyennes, jugeant que l’intervention militaire en cours fait de l’exploitation des ressources naturelles sa priorité au détriment de la sécurité des civils.
Plus de 3.100 soldats africains, ainsi que des instructeurs européens et américains, sont au Mozambique pour aider l’armée à lutter contre les violences dans la province à majorité musulmane du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie et riche en gaz naturel, mais dont la population est pauvre.
“Il est impératif que le gouvernement du Mozambique se mette sur des rails politiques pour résoudre le conflit”, écrivent ces organisations dans un rapport rédigé par le Centre de journalisme d’investigation, avec l’aide d’une dizaine d’autres organisations mozambicaines et sud-africaines.
Selon ces groupes, les forces étrangères, en particulier les 1.000 soldats rwandais qui ont fait état de récentes avancées contre les jihadistes, agissent au Mozambique en vertu de mandats et de financements peu clairs.
Ils accusent aussi les troupes mozambicaines, les forces étrangères et les entreprises de sécurité privée d’être davantage préoccupés par la sécurité des projets d’infrastructure gaziers que par la mise en oeuvre de la paix et la sécurité des habitants.
“Renforcer une intervention militaire n’est pas synonyme de garantie d’un traitement humain pour les civils qui sont dans la ligne de mire du conflit“, relève le rapport.
Adriano Nuvunga, responsable du Centre pour la démocratie et le développement au Mozambique, a mis en garde contre une “irakisation” de la province de Cabo Delgado, où des zones sécurisées sont créées pour permettre l’extraction de ressources naturelles, sans chercher à résoudre le conflit dans sa globalité ni à répondre aux “causes socio-économiques”.
“La question n’est pas celle des vies humaines, ni de faire revenir la paix et la sécurité pour la population de Cabo Delgado. La question est de créer les conditions pour que le projet de Total puisse avancer”, a-t-il dénoncé.
Le groupe français a annoncé en avril la suspension de son gigantesque projet gazier dans cette province, interrompu après une attaque jihadiste. Le projet d’immense complexe de gaz naturel liquéfié représente un investissement total de 20 milliards de dollars.
L’insurrection jihadiste dans le nord-est du Mozambique a fait plus de 3.340 morts, la plupart des civils, et déplacé plus de 800.000 personnes.
Les seize pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont décidé début octobre de prolonger la mission aux côtés de l’armée mozambicaine d’une force régionale déployée depuis juillet-août dans la région et qui devait s’achever le 15 octobre.
Source: Rfi