RDC: un an après, HRW dénonce les failles dans l’affaire des viols à la prison de Kasapa

© Sonia Rolley / RFI Photo de la prison de Kasapa, à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.

Il y a un an, fin septembre 2020, une émeute éclatait à la prison de Kasapa à Lubumbashi, dans le sud-est de la RDC. Durant l’émeute, les détenus prennent le contrôle de l’établissement, et certains profitent du chaos pour s’en prendre aux femmes détenues pendant trois jours. Au total, plusieurs dizaines de femmes sont victimes de viols. Malgré les promesses des autorités et le travail des ONG, leur prise en charge a été limitée et la justice n’avance pas. Ce que dénoncent aujourd’hui les ONG locales et internationales dont Human Rights Watch, qui vient de publier une enquête sur le sujet.

Dans l’après-midi du 25 septembre, un groupe de détenus placés en cellule disciplinaire maitrisent leur unique garde. Rejoints par d’autres, ils pillent le local technique et s’arment de machettes, de pelles et de houes, avant d’incendier le bâtiment administratif, la clinique et le dépôt de nourriture.

Dans le chaos, les gardiens non armés s’enfuient. Le soir, la police ne parvient pas à reprendre le contrôle du bâtiment. Les femmes détenues ne sont pas évacuées, leurs quartiers sont brûlés. Elles sont alors aux mains des mutins, dans la cour principale, sans protection, sans abri, sans nourriture ni eau, certaines avec leurs enfants.

Leur calvaire va durer trois jours, jusqu’à ce qu’un autre groupe de prisonniers parvienne à maitriser une quarantaine de leurs codétenus. Sur 56 prisonnières, 38 témoigneront devant le parquet avoir été violées à maintes reprises, parfois par plusieurs prisonniers à tour de rôle.

Après les faits, la réponse est tardive : des médicaments périmés, pas de consultation obstétricale, une prise en charge retardée par des ONG. Human Rights Watch dévoile aujourd’hui que les autorités avaient été prévenues à plusieurs reprises par le personnel pénitencier du risque d’émeute. La justice, elle, est encore plus lente. L’enquête à ce jour est au point mort, dénonce l’ONG.

Par exemple, ces femmes qui ont été violées à maintes reprises pendant trois jours d’émeute ont été forcées à dormir sans toit dans une prison en ruines pendant deux semaines, une fois que les forces de sécurité avaient repris le contrôle. Ce dossier est emblématique du désintérêt de longue date des autorités pour les prisons du pays. Or la dignité et la sécurité des détenus sont de la responsabilité de l’État. L’État doit également s’assurer que toutes les personnes détenues, les femmes et les filles en particulier, soient à l’abri de violences sexuelles.

 Source: Rfi