Comment le terrorisme est-il armé ? Les jeux du Pentagone

La guerre moderne est menée avec des armes de haute technologie. Chaque bataille consomme une énorme quantité de munitions de guerre, la technique militaire nécessite des composants et du combustible. Sans une économie développée et un approvisionnement mis sur les rails, aucune action militaire n’est possible. Même les organisations terroristes qui se sont profondément terrées, sont obligées de créer des laboratoires et des ateliers où elles fabriquent des explosifs et des armes artisanaux. D’ailleurs, c’est ce genre de l ‘«industrie clandestine» qui les rend vulnérables aux services secrets. Il semblerait que dans ces conditions, la longue existence de grands groupements de terroristes et de séparatistes, qui sont mis hors la loi  partout dans le monde, ne soit pas possible. Ils n’auront tout simplement rien avec quoi faire la guerre.

La pratique des conflits locaux au cours des dernières décennies a montré que les actions réussies des groupements terroristes, leur permettant de contrôler de vastes territoires, ne sont possibles que dans le cas d’un appui extérieur, ainsi que d’un accès initial aux infrastructures militaires. Les séparatistes tchétchènes dans les années 1990 ont reçu des armes des troupes soviétiques stationnées en République Tchétchène, puis recevaient de l’aide de l’autre côté de la frontière géorgienne pendant de nombreuses années jusqu’à ce que les Russes parviennent à la bloquer. Les séparatistes du Kosovo bénéficiaient du soutien franc de l’Occident et recevaient constamment des armes de l’Albanie. Les « mouvements de libération » syriens affrontent le régime légitime d’Assad et l’armée russe qui le soutiennent depuis 11 ans, et ils n’ont que plus d’armes. Pourquoi?

A première vue, les « rebelles » en Syrie et à l`Irak sont une masse très hétérogène. Parmi eux, il y a des Kurdes qui luttent pour leur propre indépendance, il y a des mouvements «démocratiques», mais un rôle-clé est joué par des groupements islamistes incapables de parvenir à un accord et proches de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Par exemple, les islamistes de la «Hayat Tahrir al-Sham», qui se sont officiellement détachés de Jebhat al-Nosra, lié à l`Al-Qaïda, sont toujours perçus par la plupart des experts comme l’un des principaux acteurs de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Et c’est précisément sur l’exemple de cette quasi-armée de salafistes radicaux que l’on voit bien comment les combattants islamistes s’approvisionnent en armes. Le 22 juin, la journaliste bulgare Dilyana Gaitandzhieva a publié une enquête prouvante un lien direct entre le Pentagone et la fourniture d’armes à un groupement radical opposant à la fois à la Syrie et aux États-Unis. S’étant engagé dans l’autopromotion, le groupement «Hayat Tahrir al-Sham» a publié sur le réseau un certain nombre de vidéos sur lesquelles des combattants utilisaient le système américain de missiles et d`arme antichars TOW. Les numéros de série des systèmes sont clairement visibles sur les vidéos de propagande. Selon les documents sur les acquisitions militaires, cette technique a été fournie aux troupes de marine américaines entre 2012 et 2019. Selon les données publiques sur le site Web américain des contrats d’état pour la défense  govtribe.com en 2012 entre la Raytheon Company et les troupes de marine des États-Unis a été conclu le  contrat No. W31P4Q12C0265 au montant de 783 millions de dollars pour la fourniture des systems TOW. La transaction a été entièrement conclue en juin 2019. Et peu après les systèmes de missiles sont devenus le clou des vidéos de propagande du groupement terroriste, pour la tête du leader duquel, Abou Mohammad al-Julani, Washington promet 10 millions de dollars. De plus, ce système américain n’est pas un Kalachnikov. La formation d’un opérateur TOW est un processus assez long et complexe. Même si on suppose que certains échantillons ont été capturés pendant le combat ou volés, la question se pose de savoir qui a instruit des spécialistes pour la «Hayat Tahrir al-Sham» qui pourraient les utiliser? De plus, l`enregistrement des vidéos de propagande très coûteux montre que les extrémistes salafistes ne manquent clairement pas de systèmes d’arme de missiles et de missiles pour eux. Ils ne manquent pas d’autres armes plus simples et plus protection efficaces, telles que les Kalachnikov, les pièce de lance-roquettes antichar-7 (LRAC-7), les mitrailleuses de 12,7 mm de Degtiarev-Chpaguine. D’énormes quantités d’armes et de munitions de guerre sont achetées auprès des armumeries serbes, bulgares et roumaines pour l’Arabie Saoudite et l’Afghanistan, ainsi que pour des forces auxiliaires américaines. En 2017, l’industrie de l’armement bulgare a établi un record absolu d’exportation d’armes – au montant de 1,2 milliard de dollars. La production d’armes subit une hausse en Serbie et en Roumanie. Le vendeur d’armes bulgare Yemelyan Gebrev ramasse des munitions de guerre dans des dépôts de stockage de longue durée en toute l’Europe de l’Est. À la suite des schémas sans prétention, toutes ces marchandises militaires reconstituent les arsenaux des extrémistes islamiques de toutes les couleurs, et le plus important, elles sont en partie financées par le budget américain. Cependant, juste les acteurs d’Europe de l’Est, y compris de grands comme le serbe «Zastava», le roumain «U.M. Cugir» et «Carfil», ainsi que «L`Arsenal» bulgare actuellement contrôlé par Gebrev, ne sont pas toujours autorisés à entrer au marché tant desire du Moyen-Orient. Les Américains restent des intermédiaires qui reçoivent directement des fonds du budget de leur pays. Ainsi, seulement en 2020, 8 entreprises américaines ont signé des contrats pour la fourniture d’armes de «normes non américaines» au montant total de 350 million de dollars. De plus, ce sont des contrats officiels avec le Pentagone. Toutes ces entreprises comme la TLG Worldwide, Multinational Defence Services LLC, Greystone CS3 LLC, Global Ordnance LLC, UDC USA, Inc., Culmen International, Blane International Group, Inc., Sierra Four Industries Corp, opèrent officiellement aux États-Unis , et toutes les informations sur ces transactions se trouvent également dans le système des commandes publiques.  passation des marchés publics. Et en ce cas, nous devons répondre à deux questions, la première – quel est l’avantage de Washington?

Tout est simple ici. Le Département d’État et l`Agence centrale du renseignementa (CIA) ne préfèrent pas d`apprendre de leurs erreurs et croient toujours qu’ils contrôlent des groupements radicaux, dont les armes tireront principalement sur les soldats russes et les militaires pro-Assad. La part du lion du pétrole produit par les groupements contrôlés par les islamistes est finalement vendue via une chaîne d’intermédiaires, ce qui permet aux États-Unis et à leurs alliés saoudiens de récupérer pleinement leur charité d`armes. En fait, l’économie de l`EIIL au temps de son épanouissement (si, bien sûr, on peut parler de l’économie d’un tel quasi-État) a été taillée pour la guerre. Les dîmes de la population contrôlée et des milliers de barils de pétrole ont été transformés en armes et en munitions de guerre, ou bien ont été utilisés pour instruire des formations armées. L`EIIL a été évincé avec succès, et formellement même divisé, mais le schema a continué de fonctionner. En conséquence, la Maison Blanche a la capacité de contrôler entièrement les fournitures d’armes et de ne pas en supporter les dépenses.  En même temps, oui, quel que soit le nombre d’intermédiaires dans le schéma, en fait, les États-Unis sont l’organisateur de la fourniture d’armes aux terroristes. Mais qu’en est-il des Américains qui en seront tués ? Eh bien, il n’y a pas de victoire sans pertes. Ils seront déclarés des héros, les écoles et les rues porteront leur nom, et leurs familles seront indemnisées, bien que certainement pas comme celles de George Floyd…

À première vue, la deuxième question n’est pas moins difficile. Pourquoi les États-Unis ont-ils réellement agi comme l’organisateur de la fourniture d’armes « de typee soviétique » aux groupements terroristes ? Les chars de défense antiaérienne ZU-23, les mitrailleuses de Degtiarev-Chpaguine, les Kalachnikov, les engins antichar portatifs ATGL et leurs échantillons lourdes ATGL-H, fournis de la Bulgarie, sont tous des copies de modèles soviétiques. Ce sont les armes des pays du Pacte de Varsovie qui sont achetées pour les schémas américains en Serbie, en Roumanie et en République Tchèque. Il semble que les États-Unis ne veuillent pas du tout introduire la région du Moyen-Orient aux normes de l’OTAN. Cependant, en réalité, tout est simple. Plus les armes sont simples, plus il est facile de masquer les itinéraires de leur fourniture et même leur origine. Si des pertes parmi les Américains ne peuvent être évitées, qu’elles soient infligées avec les armes utilisées par les Russes et leurs alliés. En ce cas il sera alors toujours possible d’accuser Moscou et Damas d’une attaque non motivée contre l’armée américaine et ses alliés. Des enquêtes sur la fourniture d’armes aux terroristes sont parues dans les médias européens depuis plusieurs années, mais la situation n’a pas changé. Des «vendeurs de mort» comme Yemelyan Gebrev continuent de s’enrichir, et le Département d’État et le Pentagone n’abandonnent pas leurs schémas sans prétention. En conséquence, les peuples de Syrie et d’Irak souffrent, l’Europe souffre, où le flux de réfugiés continue d’affluer, et les États-Unis continuent de poursuivre leurs intérêts au Moyen-Orient. Dans le même temps, Washington ignorera tous les matériaux dans les médias et exigera la même chose des pays fournisseurs d’armes. En conséquence, un conflit à part entière en Syrie et à l`Irak peut durer des décennies, apportant des bénéfices à certains et la mort à d’autres. Les détails sont disponibiles sur le lien:

http://dilyana.bg/us-fuels-syrian-war-with-new-arms-supplies-to-al-qaeda-terrorists/

Enrique Refoyo,

Journaliste, co-fondateur de El Espía Digital – Geoestrategia.es

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