Le gouvernement éthiopien a proclamé lundi un cessez-le-feu unilatéral dans la région.
Les Nations unies exhortent les rebelles, baptisés Forces de défense tigréennes, « à approuver immédiatement et complètement le cessez-le-feu » décrété par le gouvernement éthiopien lundi après avoir perdu le contrôle de Makalé, la capitale de la région, a déclaré vendredi 2 juillet la secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les affaires politiques, Rosemary DiCarlo.
« Un cessez-le-feu observé par toutes les parties faciliterait non seulement la fourniture d’une aide humanitaire, mais serait également un point de départ pour les efforts politiques nécessaires pour tracer une voie de sortie de crise », a-t-elle ajouté à l’ouverture d’une réunion publique du Conseil de sécurité, sa première depuis novembre. « Toutes les parties doivent garantir le passage sûr des travailleurs humanitaires pour la livraison continue des fournitures », a aussi souligné la responsable de l’ONU, en précisant qu’il n’y avait plus d’entrées d’avions ni de sorties dans la région du Tigré.
La réunion a été demandée par les Etats-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni. Elle a nécessité d’âpres négociations avec les membres africains du Conseil de sécurité (Kenya, Niger, Tunisie) qui ne voulaient pas, comme l’Ethiopie, que la question du Tigré soit un sujet discuté formellement par cette instance. Selon ces pays, soutenus par plusieurs autres membres (Russie, Chine notamment, disposant d’un droit de veto au Conseil de sécurité), le conflit au Tigré relève d’une affaire interne à l’Ethiopie et si des efforts internationaux doivent être réalisés, cela doit être le fait des Africains, par l’intermédiaire de l’Union africaine par exemple.
Plus de 400 000 personnes en situation de famine
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a au contraire estimé que la situation au Tigré était un sujet pour le Conseil de sécurité. « C’est la première opportunité pour nous de montrer que les vies africaines comptent autant que les autres vies dans le monde. Ce que nous devons voir, c’est une action sur le terrain. Nous devons voir un cessez-le-feu permanent ; que toutes les parties acceptent » et « nous devons voir les troupes érythréennes rentrer chez elles », a-t-elle ajouté.
Le Kenya a fait une demande similaire pour ces troupes érythréennes, accusées d’exactions au Tigré. Rejetant tout interventionnisme du Conseil de sécurité, l’ambassadeur du Kenya à l’ONU, Martin Kimani, a réclamé qu’il « encourage et soutienne des solutions éthiopiennes » au conflit au Tigré.
Avant la réunion du Conseil, plusieurs ONG comme Human Rights Watch ou Oxfam ont appelé à une application effective du cessez-le-feu, cette dernière organisation demandant d’étudier la possibilité de créer un « pont aérien » avec le Tigré pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Deux ponts cruciaux pour l’acheminement d’aide ont été détruits cette semaine par les forces éthiopiennes, selon des ONG et le Programme alimentaire mondial.
Plus de 400 000 personnes ont « franchi le seuil de la famine » au Tigré, en guerre depuis huit mois, a prévenu vendredi un haut responsable de l’ONU. La situation s’est « considérablement aggravée », a déclaré le secrétaire général adjoint par intérim aux affaires humanitaires des Nations unies, Ramesh Rajasingham.
Source: Le Monde