La quasi-totalité de la population dans la région du Tigré en Ethiopie a besoin d’aide alimentaire, a indiqué mardi le Programme alimentaire mondial, qui a lancé un appel de 203 millions de dollars pour accroître son aide.
Plus de six mois après le lancement d’une opération militaire annoncée comme rapide par le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed contre les autorités tigréennes issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), les combats se poursuivent, les rapports documentant des exactions contre les populations se multiplient, et le spectre d’une famine plane depuis plusieurs mois.
Le PAM « a distribué une aide alimentaire d’urgence à plus d’un million de personnes depuis le début des distributions en mars dans les régions du nord-ouest et du sud de la région du Tigré, où un total de 5,2 millions de personnes – soit 91% de la population du Tigré -, ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence en raison du conflit », a déclaré un porte-parole, Tomson Phiri, lors d’un point de presse à Genève.
« Nous sommes profondément préoccupés par le nombre de personnes que nous voyons avoir besoin d’un soutien nutritionnel et d’une aide alimentaire d’urgence », a-t-il ajouté.
Le PAM est responsable de l’aide alimentaire d’urgence dans les zones du nord-ouest et du sud du Tigré et va intensifier ses opérations pour atteindre 2,1 millions de personnes dans ces zones.
L’accès, en particulier dans les zones rurales, reste le principal défi à cause de l’insécurité.
« Le PAM demande 203 millions de dollars (166 millions d’euros, ndlr) pour continuer à accroître sa réponse au Tigré afin de sauver des vies et des moyens de subsistance jusqu’à la fin de l’année », a expliqué M. Phiri.
Le PAM coordonne son intervention alimentaire au Tigré avec la Commission nationale de gestion des risques de catastrophe (NDRMC) et un consortium d’ONG soutenu par les Etats-Unis. Les trois opérateurs opèrent principalement dans des zones différentes, le PAM étant présent dans les zones du nord-ouest et du sud.
– Appel au cessez-le-feu –
Le 26 mai, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, avait averti qu’ »il existe un risque sérieux de famine si l’aide n’est pas augmentée ces deux prochains mois ».
Des estimations considèrent que « plus de 90% des récoltes ont été perdues en raison du pillage, des incendies ou d’autres destructions, et que 80% du bétail de la région a été pillé ou abattu », a aussi indiqué le haut responsable de l’ONU.
A Genève, le porte-parole du PAM a indiqué que l’organisation est « alarmée par l’impact du conflit sur les niveaux déjà élevés » d’insécurité alimentaire.
« Nous constatons une augmentation du nombre de femmes et d’enfants souffrant de malnutrition », a-t-il indiqué, expliquant que près de la moitié des femmes enceintes ou allaitantes dans 53 villages souffraient de malnutrition modérée ou aiguë.
« Près d’un quart de tous les enfants qui ont été examinés ont été trouvés mal nourris », a-t-il ajouté.
« Un cessez-le-feu et un accès sans entrave sont essentiels pour que le PAM et tous ses partenaires au Tigré puissent atteindre toutes les régions et toutes les personnes qui ont désespérément besoin d’une aide vitale », a insisté Tomson Phiri.
Le gouvernement de M. Abiy s’est dit de son côté déterminé à enquêter sur les violations des droits humains dans la région et a affirmé à plusieurs reprises avoir donné un accès « entier et sans entrave » aux travailleurs humanitaires.
Dans une série de messages postés sur Twitter la semaine dernière, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a accusé le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) – qui dirigeait la région avant d’être renversé par l’armée fédérale – de contribuer à empêcher l’aide humanitaire de se déployer.
Les « derniers éléments » de ce groupe ont « tué des travailleurs humanitaires, des chauffeurs de poids-lourds et pillé des biens alimentaires et non-alimentaires qui étaient sur le point d’être distribués aux populations dans le besoin », a-t-il ajouté.
Source: La Minute Info