Au Nigeria, des centaines de manifestants dénoncent la hausse des kidnappings

KOLA SULAIMON / AFP Une barricade de pneus enflammés à Gauruka, près d’Abuja, le 24 mai 2021.

Des groupes de jeunes hommes ont bloqué une autoroute en périphérie d’Abuja, la capitale fédérale, avant d’être dispersés par la police et l’armée.

Des centaines de manifestants en colère sont descendus dans les rues à la sortie d’Abuja, lundi 24 mai, et ont bloqué une autoroute pour protester contre une hausse importante des kidnappings contre rançons dans la périphérie de la capitale fédérale du Nigeria.

Des groupes de jeunes hommes ont dressé des barricades de pneus en feu au niveau du district de Tafa, sur la route entre Abuja et Kaduna qui mène vers le nord du pays, et ont mis le feu à un commissariat, a pu constater un journaliste de l’AFP sur place. En remontant l’axe routier dans une scène de grande confusion et de colère, ils chantaient et criaient : « Les kidnappings doivent cesser ! » « Il y a cinq jours, ils ont enlevé quatre personnes. Et hier ils sont revenus et en ont enlevé seize », criait l’un deux, ne souhaitant pas divulguer son identité, comme tous les autres manifestants.

Dans l’après-midi, la police a annoncé avoir dispersé les manifestants avec l’aide de l’armée, permettant la reprise de la circulation. Plus tôt, des dizaines de camions et de camions-citernes étaient bloqués à la sortie d’Abuja.

« C’est le chaos »

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 200 millions d’habitants, est en proie à de nombreux problèmes d’insécurité et notamment à des kidnappings perpétrés par des groupes criminels plus ou moins organisés pour obtenir des rançons. Ces enlèvements visaient auparavant les citoyens riches ou les travailleurs expatriés dans le milieu du pétrole, mais ils se sont désormais étendus à toutes les classes sociales, même les plus pauvres.

« Ça ne va pas ! Ça devient hors de contrôle, confie un manifestant. A chaque fois c’est la même chose : les forces de sécurité arrivent trop tard, une fois que les kidnappeurs sont partis. » Selon les médias locaux, douze personnes ont été enlevées sur cette route réputée pour son insécurité rien que la semaine dernière. « C’est le chaos ici. On ne dort plus. Et s’il n’y a pas de renforcement de la sécurité, le problème va empirer », a expliqué un manifestant.

La police de l’Etat nigérian du Niger, frontalier de Tafa, a confirmé lundi l’enlèvement de six personnes dans la nuit de dimanche à lundi, mais a vivement condamné les manifestations. « Des voyous ont bloqué les deux voies de la voie rapide entre Abuja et Kaduna pour protester contre l’escalade des kidnappings dans leur communauté », a fait savoir dans un communiqué Wasiu Abiodun, porte-parole de la police locale : « Ces mêmes voyous ont ensuite vandalisé et mis le feu au commissariat de Gauraka. »

 Source: Le Monde